15 avril 1910, Octave Dequet 49 ans, Louis Philippe Dequet 12 ans, Ernest Dequet 10 ans,Marie Élisabeth Conrad 34 ans,sont inculpés de vagabondage ,mendicité en réunion,emploi d'enfants à la mendicité habituelle .
Extraits du dossier 3 U 5 art 866 (AD 64 Pôle de Bayonne et du Pays Basque )
Le cadre juridique de la mendicité
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Carnet aide-mémoire du gendarme .Vers 1895 |
15 avril 1910, Saint-Jean-Pied-de-Port
Ministère de l'intérieur
Direction de la sûreté générale
7e brigade de Police Mobile
Procès verbal
Le quinze avril 1910 devant Chalmel Louis Commissaire de Police Mobile,en résidence à Bordeaux,officier de police judiciaire,auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République.
Étant à Saint-Jean-Pied-de-Port, l'inspecteur de notre service Périvier conduit devant nous une femme et deux enfants au sujet desquels il nous fait les déclarations suivantes:
Cet après-midi,vers quatre heures,venant de St-Jean-le-Vieux avec mes collègues Charon et Domercq notre attention a été attirée par la présence de la femme que je vous conduit qui se livrait à la mendicité en compagnie de deux enfants dont un,le plus jeune,est amputé de l'avant bras droit.Nous les avons vu ainsi recevoir des uns et des autres quelques morceaux de pain et des sous;mais pressés à ce moment,nous n'avons pu intervenir .Or,à l'instant,cinq heures,passant dans St-Jean-Pied-de-Port,j'ai revu la même femme avec les deux enfants demandant encore l’aumône .L'enfant amputé mendiait devant un hôtel en compagnie de sa mère pendant que l'autre mendiait dans un hôtel voisin surveillé par sa mère à laquelle il allait remettre les sous qu'il avait reçus.
(..) lecture faite (..)
Nous recevons comme suit la déclaration des enfants:
1°) je me nomme Dequet Octave Ernest âgé de 10 ans demeurant à Bayonne rue Maubec n°36 ,illettré.C'est vrai je mendie journellement avec ma mère et j'ai mendié aujourd'hui ainsi que ces messiers le disent ,j'ai remis à ma mère l'argent que j'ai reçu.Mon frère mendie aussi mais pas autant que moi.
Le commissaire de police
2° Je me nomme Dequet Louis Philippe âgé de 12 ans demeurant à Bayonne rue Maubec N°36,sait lire.
Il est vrai qu'aujourd'hui j'ai mendié en compagnie de ma mère et de mon frère mais j'ai mendié si peu que je n'ai remis qu'un sou à ma mère (...)Je mendie de temps en temps mais pas tous les jours,je ne mendie jamais seul mais seulement avec ma mère et mon frère.
Lecture faite,persiste et signe avec nous Dequet ,le commissaire de police mobile
Nous procédons comme suit à l'interrogatoire de l'inculpée
D- Votre état civil
R - Je me nomme Conrad Marie Élisabeth née le 10 mars 1876 à Rosières aux Salines (Meurthe et Moselle) fille de feu François et de feue Marie Élisabeth Hornbek,chiffonnière ambulante.Je vis maritalement avec Dequet Octave-sait lire et écrire;jamais condamnée.
D-Vous êtes inculpée de mendicité en réunion en compagnie de vos enfants.Qu'avez vous à répondre?
R-Tout ça,c'est faux.
Nous mettons en sa présence son fils ainé Louis Philippe celui-ci affirmant qu'il a remis à sa mère un sou provenant de mendicité,celle-ci répond,c'est vrai,il a eu un sou de mendicité,mais ce n'est pas ici.
Lecture faite,persiste et refuse de signer.
Nous interrogeons ensuite l'amant de cette femme qui nous répond comme suit:
Je me nomme Dequet Octave Théodore Ernest né à Paris le 3 avril 1860 (XI) fils de feu Nicolas Médéric et de feue Victoire Bronsin,chiffonnier ambulant vivant maritalement avec Marie Élisabeth Conrad veuve Oblin,sait lire et écrire,condamné deux fois pour mendicité,sans domicile fixe.
D- Reconnaissez vous que votre femme vous a remis aujourd'hui une certaine somme de monnaie de billon provenant de la mendicité à laquelle elle s'est livrée avec vos deux enfants?
R-Après un moment d'hésitation,il répond:oui,elle m'a donné de l'argent mais moins de 3 francs même moins de 2 francs.
D-Quelle somme exacte avez vous reçue?
R-Rien du tout.
D-Nous insistons pour que vous précisiez votre première déclaration.
R-Et bien ,elle m'a donné 3 sous pour l'achat de journaux,0.f10 pour acheter du tabac et elle a payé tout ce que nous avons mangé.
D-Reconnaissez-vous que cet argent provient de mendicité !
R-Non,il provient de chiffons que j'ai vendus.
D-Vous avez donc donné de l'argent à votre femme.Combien avez vous donné;combien vous reste-t-il!
R-Je ne sais pas ce que je lui ai donné;ce que je sais ,c'est qu'il ne me reste plus un sous.
Lecture faite persiste et signe avec nous.
"Le prévenu, ne veut pas marcher pour aller à Saint-Palais"
Gendarmerie Nationale
Cejourd'hui quinze avril mil neuf cent dix a six heures 20 du soir (heure légale)
Nous soussignons Esquines Jean Léon et Loix Emile
gendarmes à cheval à la résidence de Saint Jean Pied de Port département des Basses Pyrénées ,revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs ,étant à notre caserne Dequet Octave âgé de 49 ans ,chiffonnier ambulant,sans domicile fixe,déposé à la chambre de sûreté pour mendicité en réunion devant être transféré à St-Palais nous a déclaré "Je ne veux pas marcher pour aller à St Palais,il me faut une voiture"signé Dequet.
Nous avons avisé Mr le Maire de St Jean Pied de Port qui a requis un moyen de transport pour son transfèrement etc
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Distance calculée par Google Maps:31.5 km |
8 mai 1910, Les Aldudes
Gendarmerie Nationale
Cejourd'hui huit mai mil neuf cent dix à une heure demie du soir (heure légale)
Nous,soussigné Simonnet François et Dunatte Jean
gendarmes à pied à la résidence des Aldudes département des Basses-Pyrénées, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs,Ayant arrêté la femme Dequé,Marie,agée de 38 ans pour mendicité,procès verbal n°20 de la brigade du 7 mai courant,et devant la transférer à St-Etienne de Baïgorry,cette femme au moment du départ nous a déclaré qu'elle était malade et de faire venir un médecin sans quoi elle ne marcherait pas.
A cet effet nous avons invité Mr le Maire des Aldudes de vouloir requérir Mr le docteur Etchepare pour la visiter.Cet homme de l'art après examen de la personne prétendue malade,nous a déclaré que cette femme n'était atteinte d'aucune maladie et qu'elle pouvait faire la route à pied des Aldudes à St Etienne de Baïgorry,malgré la visite du médecin cette femme s'est formellement refusée marcher en disant qu'elle avait droit à une voiture et qu'elle préférait qu'on la jette à l'eau plutôt qu'elle ne marcherait.Sur ce nous avons déclaré à la femme Dequé,Marie,que nous dresserions contre elle procès-verbal pour refus de marcher.
Monsieur le Maire des Aldudes prévenu de ce refus,a requis un moyen de transport pour assurer le transfèrement conformément à l'art 242 du décret di 20 mai 1907.
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Distance calculée par Google Maps 15 km |
"Je ne suis pas malade mais je refuse formellement de marcher"
Gendarmerie Nationale
Cejourd'hui huit mai mil neuf cent dix à sept heures du soir
Nous,soussignés Blanlauil Théodore ,Chauvin Louis gendarmes à pied à la résidence de St-Etienne de Baïgorry département des Basses-Pyrénées revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs pour assurer les prescriptions de l'art 242 du décret du 20 mai 1903,avons demandé à Conrade Marie,femme Dequé âgée de 38 ans arrêtée en flagrant délit de mendicité par la brigade des Aldudes ,si elle pouvait faire la route à pied de St Etienne de Baïgorry à Irissary ,elle nous a répondu:"je ne suis pas malade mais je refuse formellement de marcher ".
(...)
10 mai 1910, Irissary
Gendarmerie Nationale
Cejourd'hui dix mai ,mil neuf cent dix à cinq heures 1/2 du matin,heure légale
Nous,soussignés Labarthe Bernard et Oustalet (prénom illisible)
gendarmes à pied à la résidence d'Irissary département des Basses-Pyrénées revetus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs,pour assurer les prescriptions de l'article 262 du décret du 20 mai 1903 avons demandé à Conrade Marie femme Dequé, âgée de 38 ans arrêtée en flagrant délit de mendicité par la brigade des Aldudes si elle pouvait faire la route à pied de Irissary à Saint-Palais,elle nous a répondu:Vous n'avez qu'à me procurer une voiture,car bien que je ne sois pas malade,je refuse formellement de marcher"
Conrad Marie
La visite médicale n'ayant pas été jugée nécessaire,en raison de la déclaration ci-dessus Monsieur le Maire de la commune de Irissary prévenu de ce refus,a requis un moyen de transport pour assurer le transfèrement.
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Distance calculée par Google Maps 23 km |
Le dossier complet est consultable au Pôle de Bayonne et du Pays Basque AD64
39 avenue Duvergier de Hauranne 64100 Bayonne sous la cote 3 U 5 Art 866
Tribunal de Première instance de Saint-Palais ,greffe correctionnel,procédures, Dossiers de procédures correctionnelles : affaires jugées.
Numéro d'enregistrement au parquet 155.A l'instruction 20
Archives de Paris.fr
Consultation des Archives numérisées de Paris
Acte de naissance, 11e arr., 03/04/1860 Cote du registre V4E 1280 ,vue 10/31,acte N°1082
Octave Théodore Ernest Dequet né le 3 avril 1860 au 50 de la rue Popincourt , dans le XIe arrondissement à Paris.
fils de Nicolas Médéric ébéniste et de Victoire Broussin blanchisseuse
Acte de naissance, 11e arr., 16/12/1899 Cote du registre V4E 9250,vue 27/30 acte N°5116
Octave Ernest Dequet né le 16 décembre 1899 dans le XI arrondissement .
Fils d'Octave et de Gracieuse Darrigol âgée de 35 ans,cuisinière ,mariés domiciliés 14 rue Gaillet
Archives 54-CG54 Meurthe-et- Moselle
Archives en ligne
Rosières-aux-Salines N 1873-1882 Vue 40/125 Acte N°14
Marie Elisabeth Conrard 34 ans,née le 10 mars 1876 à Rosières-aux-Salines,mariée à Dax le 27 juin 1898 avec Pierre Victor Hoblin
Compléments
Louis Philippe (Nicolas Dominique) Dequet 12 ans, est né le 6 avril 1898 à Libourne.Il est le fils d'Octave Dequet et de Gracieuse Darrigol , non mariés.
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A droite,l'actuel 36 rue Maubec à Bayonne |
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Juillet 1910,la famille Dequet était domicilée au 4 passage Sainte-Catherine ,Saint-Esprit,Bayonne | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
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