Qu'est venu faire à Bayonne les 9 et 10 avril 1947
Jean-Marie Balestre détenu de la prison de Fresnes ?
Au hasard d'une consultation en salle de lecture des Archives départementales du Val-de-Marne à Créteil,mon attention a été piquée par deux éléments d'une fiche nominative de la prison de Fresnes:
- Jean-Marie Balestre,
- Transfèrement provisoire à Bayonne entre le 8 et 11 avril 1947,
L'affaire pour laquelle il a été brièvement transféré de Fresnes à Bayonne, concerne un ancien élève du lycée de Bayonne,domicilié à Biarritz,accusé d'atteinte à la sûreté extérieure de l’état.Le témoin Balestre et l'inculpé ont pour des motifs différents, pendant l'occupation allemande,porté l'uniforme de la Waffen SS.
Plan
AvertissementArchives du Val-de-Marne Établissement pénitentiaire de Fresnes 2742 W
AD 64 1338W Article 41 Maison d’arrêt de Bayonne
Jean-Marie Balestre
Sécurité militaire de Bordeaux 22 aout 1945
PV du 11 septembre 1945
Déposition du 9 avril 1947
Dxxx
Lettre de Rxxx Dxxx au juge
Déclaration
commune des anciens professeurs de Rxxx Dxxx, ex élève au lycée de Bayonne.
AttestationCour de justice des Basses-Pyrénées _Exposé des faits
Pour aller plus loin
Avertissement
Jean-Marie Balestre a fait l'objet d'un récent livre qui a pour titre "Son âme au diable – Jean-Marie Balestre 1940-1945”d'Olivier PigoreauPréface de Jean-Marc Berlière
Postface de Romain Slocombe
Editions Konfident,2020
68 rue de Bagnolet,75020 Paris
ISBN 978-2-956-98370-5
4 eme de couverture de l'ouvrage
La sulfureuse jeunesse du "pape" du sport automobile
"Jean-Marie Balestre fut sans doute le seul Français à porter l'uniforme
des Waffen-SS et à se voir attribuer la carte de déporté interné de la
Résistance. Déroutante jeunesse que celle de cet homme, engagé jusqu'au
point le plus ultime de la collaboration, pour finir la guerre derrière
les barbelés d'un camp de concentration.Qui fut au juste, entre 1940 et 1945, celui qui, avec son ami Robert Hersant, allait bâtir le plus grand groupe de presse français et, seul, régner pendant près de 15 ans à la tête du sport automobile mondial ? Ce livre rouvre un dossier qui, des décennies après la guerre, défraya la chronique, donna lieu à un retentissant procès et causa quelque embarras à un très haut niveau de l'État.
Au-delà du cas Balestre, sont ici mises en lumière les ambiguïtés d'une époque propice à toutes les aventures et à tous les retournements, dans un Paris sous la botte allemande où, entre collabos patentés et résistants authentiques, évoluèrent d'insaisissables aventuriers.Si dans la longue nuit de l'Occupation,tous les chats évidemment,ne furent pas gris,le pelage de certains matous,assurément,prête à confusion."
L'identité de l'ancien élève du lycée de Bayonne ne sera pas publié par ce blog .Il est décédé le 22 octobre 2005, au Chili (Source:FILAE Fichier des décès INSEE). Dans ce billet,il sera désigné par les initiales Dxxx Rxxx.
Les pièces du dossier de la cour de justice des Basses-Pyrénées 30W Article 45 sont conservées à Pau.La communication est subordonnée est subordonnée au bon fonctionnement de l'ascenseur indispensable au magasinier des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques.
Archives du Val-de-Marne
Établissement pénitentiaire de Fresnes
2742 W
Note dactylographiée
COUR DE JUSTICE du département de la Seine
Paris,le 3 avril 1947
Le Commissaire du Gouvernement Monsieur le Directeur des prisons de FRESNES
J'ai l'honneur de vous faire connaître que je requiers ce jour, le transfèrement du nommé BALESTRE Jean-Marie, à BAYONNE..
Monsieur le Commissaire du gouvernement autorise le transfert provisoire de cet inculpé.
Après audition par Monsieur le juge d'instruction près la cour de justice de BAYONNE,ce détenu sera réintégré à vos prisons
Source:AD 94 _FRAD094_2742W_000161_01_0965jpg,consultation sur un poste informatique en salle de lecture des AD94 à Créteil.
Fiche imprimée complétée à la main
Balestre Jean-Marie
N° d'écrou 6465
Date d'entrée:18/6/1945
Date et lieu de naissance:9/4/1921 Saint-Rémy-de-Provence (B du R)
Adresse:12 rue de Bretagne Paris 3e
Profession:Journaliste Religion:(..)
Mandat de dépôt de M.Berry en date du 18/6/45
Pour:Atteinte à la Sûreté extérieure de l’État
Transfèrement provisoire à Bayonne autorisé par Commissaire du gouvernement
Ordonnance de mise en liberté de M.Perez en date du 6.547 (Main levée)
Libéré le 16.5.47
Transféré santé pour Bayonne le 8.4.47
Réintégré le 11.4.47
Source:AD 94 _FRAD094_2742W_000161_01_0964jpg,consultation sur un poste informatique en salle de lecture des AD94 à Créteil.
AD64 Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque
1338W Article 41 Maison d’arrêt de Bayonne
Balestre Jean-MarieNuméro d'écrou 183
Ce jourd'hui 9 4 47
s'est présenté au greffe de la maison d’arrêt de Bayonne le sieur Bernard gendarme à la résidence de Paris-Minimes porteur d'un ordre délivré par témoin pour affaire Dxxxx
sous la date du
en vertu duquel il m'a été fait la remise de la personne du nommé Balestre Jean
AD 64 _Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque _1338 W article 41 Maison d’Arrêt de Bayonne_Registre d'écrou |
Arrivée à la maison d’Arrêt de Bayonne le 9 avril 1947 10h
Transféré à Fresnes par gendarmerie Bayonne le 10 avril 1947 à 17h30
Jean-Marie Balestre
Sécurité Militaire à Bordeaux
Bordeaux le 22 aout 1945
SECRET COPIE
RENSEIGNEMENT
(...)
II RENSEIGNEMENTS PROPREMENT DITS
Source:BALESTRE Jean-Marie
né le 9-4-1921 à ST-REMY-de-PROVENCE (B du R)
demeurant 12,rue de Bretagne à Paris
(...)
BALESTRE signale que Dxxx a dénoncé 5 français à la Gestapo.
D'autre part,Dxxx figure sur une liste de personnes titulaires d'une "carte provisoire d'adhérents"à la Légion Tricolore,les amis de la Légion.Ces cartes ne sont ni signées de l'adhérent ni du délégué de la Légion
(...)
Le Lt-Colonel OLLÉ-LAPRUNE
Chef de la S.S.M
Procès-Verbal
L'an mil neuf cent quarante-cinq le onze septembre
Ministère de l'Intérieur
Direction Générale de la Sureté Nationale
N°22.639
2526/94/1
SECRET
Nous BOUTTIER
Inspecteur de police judiciaire 1 ere Brigade Régionale à Paris en résidence à Paris 42 rue de Bassano
(...)
Vu les instructions de Monsieur le Commissaire Divisionnaire Chef du Service Régional de Police Judiciaire à Paris
Vu la transmission n°8411 du 29 aout 1945 émanant de la 7 eme Brigade de Police Judiciaire à Bordeaux d'une notice de renseignements n°5432/SSM du 22 aout 1945 du Colonel Chef de la Sécurité Militaire à Bordeaux,concernant le nommé Dxxx Rxxx Pierre demeurant rue du Maréchal à Biarritz
Nous transportons à la prison de Fresnes et entendons Mr Balestre Jean-Marie lequel sur interpellations successives,nous déclare:
Je me nomme Balestre Jean-Marie né le 9 avril 1921 à Saint-Rémy-de-Provence (B.d.R) de Joseph et de Joséphine Bayol.Je suis célibataire.Je suis sans condamnation. J'habite à Paris, 12, Rue de Bretagne. Je suis actuellement détenu à la prison de Fresnes pour intelligence avec l’ennemi, à la disposition de Mr le juge Berry.
Direction Générale de la Sureté Nationale
N°22.639
2526/94/1
SECRET
Nous BOUTTIER
Inspecteur de police judiciaire 1 ere Brigade Régionale à Paris en résidence à Paris 42 rue de Bassano
(...)
Vu les instructions de Monsieur le Commissaire Divisionnaire Chef du Service Régional de Police Judiciaire à Paris
Vu la transmission n°8411 du 29 aout 1945 émanant de la 7 eme Brigade de Police Judiciaire à Bordeaux d'une notice de renseignements n°5432/SSM du 22 aout 1945 du Colonel Chef de la Sécurité Militaire à Bordeaux,concernant le nommé Dxxx Rxxx Pierre demeurant rue du Maréchal à Biarritz
Nous transportons à la prison de Fresnes et entendons Mr Balestre Jean-Marie lequel sur interpellations successives,nous déclare:
Je me nomme Balestre Jean-Marie né le 9 avril 1921 à Saint-Rémy-de-Provence (B.d.R) de Joseph et de Joséphine Bayol.Je suis célibataire.Je suis sans condamnation. J'habite à Paris, 12, Rue de Bretagne. Je suis actuellement détenu à la prison de Fresnes pour intelligence avec l’ennemi, à la disposition de Mr le juge Berry.
J'ai connu Dxxx Rxxx Pxxx au bureau de recrutement de la Waffen SS à Paris rue du recteur Poincaré n° 24. J'appartenais à ce bureau ainsi que Dxxx.
J'étais en liaison avec quatre camarades :les nommés Jean-Pierre Chapuis, Charles Van Dyck, Philippe Merlin, et François Angers, avec le commandant Simon un des chefs du réseau de résistance Lille-Tourcoing, par l'intermédiaire du résistant « Roquetas » (nom de guerre). Je ne puis préciser l'adresse des quatre camarades précités.
En accord avec le commandant Simon, mes quatre camarades et moi-même avions projeté de faire sauter le bureau allemand auquel nous appartenions ainsi que le personnel allemand du dit bureau et de nous emparer de tous les documents qu'il renfermait.
Mon camarade Philippe Merlin a été assassiné à Cernay (Alsace) au camp d'instruction des SS français. D'autre part Charles Van Dyck tombant malade et fut hospitalisé, de sorte que nous étions en nombre insuffisant pour réaliser notre projet et que nous dûmes nous adjoindre un nouvel exécutant, r c'est alors que nous associâmes Dxxx.
C'est alors que quelque jour avant l'exécution, nous constatâmes, Chapuis et moi, que bureau était l’objet d’une surveillance active de la Gestapo.
Devant cet état de choses le jour de l'exécution fut remis à une date ultérieure sans que Dxxx, en qui nous n'avions qu’une confiance limitée parce que adjoint de fraiche date, en fut avisée.
Le matin du jour fixé pour l'exécution,24 mai 1944, Chapuis et moi fûmes arrêtés par la Gestapo.
Depuis un mois que Dxxx était initié à notre projet, nos faits et gestes, notre correspondance nos communications téléphoniques étaient contrôlées.
Trente arrestations furent opérées par la Gestapo dans la nuit qui suivit la nôtre, cinq furent maintenues et ceux qui en furent l'objet envoyés par la suite à Fresnes ainsi que dans divers camps de concentration. Exemple un nommé Moureau Jacques ,50 bd Murat à Paris.
Dxxx a participé en personne avec la Gestapo à quelques-unes de ces arrestations et perquisitions guidant les autres de ses renseignements et participant également, avec la police allemande à certains de nos interrogatoires, à Chapuis et à moi-même, nous avouant ouvertement qu'il appartenait au service de renseignements de la Milice qui l’avait placés auprès de nous pour nous surveiller, et qu'il travaillait couramment avec la Gestapo à laquelle il avait été présenté par une dame X… faisant partie de la Gestapo de Biarritz, dont il avait fait la connaissance au cours de son séjour dans cette ville.
D'autre part, Dxxx nous a déclaré textuellement au cours d’un de nos interrogatoires : « Vous êtes des salauds, je ne pouvais assister impassible à l'exécution de 40 personnes et c'était mon devoir de révéler cette affaire à la Gestapo. »
J'ajoute que Dxxx a pillé nos affaires personnelles à Chapuis et à moi-même.
Je mentionne que lors de notre séjour camp de concentration de Dantzig ,Dxxx a tenté, une fois de plus, de nous faire fusiller Chapuis et moi, en nous dénonçant comme juifs camouflés à l'officier justice du camp .
Il est indéniable que Dxxx est la cause indirecte de la mort de notre camarade Van Dyck et de sept déportations.
Je n’ai rien d’autre à ajouter.
Lecture faite, persiste et signe
Déposition de Jean-Marie Balestre
L'an mil neuf cent quarante-sept et le neuf avril .
Devant nous Roger Deleris Juge d’Instruction de l'arrondissement de Bayonne
assisté de Belluchon Commis Greffier.
Étant en notre cabinet
A comparu sur l’invitation qui lui a été faite, le témoin ci-après nommé, lequel après avoir prêté en nos mains le serment de dire la vérité, rien que la vérité, requis de ses noms, prénoms, âge, profession et demeure, s'il est domestique, parent ou allié de l'inculpé et à quel degré et instruit par nous des faits sur lesquels il est appelé à déposer, a fait la déclaration suivante :
Je me nomme Balestre Jean-Marie, 26 ans, journaliste, demeurant à Paris, 12, Rue de Bretagne, actuellement détenu en prévention à Fresnes, pour autre cause.
Demande :
dans votre déposition en date du 11 septembre 1945 dont je viens de vous donner lecture vous accusez Dxxx Rxxx
1° d'être à l'origine et d'avoir participé en personne avec la Gestapo à l'arrestation de plusieurs personnes par les Allemands notamment de Chapuis Jean-Pierre, Van Dyck Charles, Merlin Philippe, Angers François et de vous-même
2° d'avoir participé avec la police allemande à votre interrogatoire et à celui de Chapuis
3° avoir avoué au cours de ces interrogatoires appartenir au service de renseignement de la milice et de travailler couramment avec la Gestapo
4°avoir tenu les propos suivants vis-à-vis de vous et de Chapuis : « Vous êtes des salauds, je ne pouvais assister impassible à l'exécution de 40 personnes et c'était mon devoir de révéler l'affaire à la Gestapo »
5°d'avoir pillé vos affaires personnelles ainsi que celles de Chapuis
6°d'avoir tenté lors de votre séjour camp de concentration de Dantzig de faire fusiller Chapuis et vous en vous dénonçant comme juifs camouflés à l'officier de police du camp
7°être la cause indirecte de la mort de Van Dyck Dick et de sept déportations
Dans votre déposition en date du 7 mars vous êtes moins affirmatif et vous dîtes notamment en parlant de Dxxx « je suppose que Dxxx nous a dénoncés… » plus loin vous dites « je ne puis accuser formellement Dxxx d'être le responsable de la mort de Van Dyck »
Quel est exactement la vérité ?
Réponse :
A mon retour d'Allemagne du camp de concentration de Dachau, au début du mois de mai 1945 j'ai cherché à reprendre contact avec le commandant Simon. J'ai vu le commandant Simon qui estimant que l'on devait éclaircir l'issue de l'affaire de la rue du recteur Poincaré, me mit en liaison avec le capitaine Bertrand et le commandant de l'O.R.C.G.(office de recherche de criminels de guerre).M. Manthou, 48 rue de Villejust Paris .J'ai dû fournir des explications sur les raisons de notre échec et des arrestations auxquelles procéda la police allemande. Le plus simple selon le désir du commandant Manthou était de procéder à l'arrestation de tous les suspects ayant participé de près ou de loin à cette affaire. J’ai fourni des renseignements nécessaires à l'arrestation de Dxxx et formulée contre lui plusieurs accusations uniquement en fonction des éléments d'information que je possédais à cette date. Mais depuis deux ans que nous sommes entrés en France, de nouveaux éléments sont intervenus dans ces affaires, ce sont les suivantes :
1° alors que nous croyions avoir été arrêtés et surveillés depuis un mois par la Gestapo à l'instigation de Dxxx et d’un autre français, l'éveil fut donné aux Allemands d’une autre manière. Au mois de janvier 1944 au cours d'un attentat contre la librairie allemande sise à côté du lycée Lafontaine Paris (16) Moureaux fut arrêté par la Feldgendarmerie. Il était porteur de laissers-passer allemands et de papiers de camouflage que je lui avais procuré grâce au poste que j'occupais au service de la rue du recteur Poincaré. Après bien des démarches c’est sur mon intervention auprès du commandant allemand de ce service que Moureaux fût relâché. Cette affaire n'ayant pas eu de suites et nous-mêmes n'ayant rien remarqué d'anormal nous la pensions étouffée, mais il n'en était rien. D'après les propres déclarations de Moureaux après qu'il fût revenu de déportation, j'ai appris que lors des violents interrogatoires qu'il avait subis par la Gestapo mai 1944, le sous-officier allemand qui l’interrogeait lui avait déclaré qu'il était au courant de notre activité depuis l'affaire du lycée
Lafontaine.
2°j'ai appris également par Melle Masmonteil qui était serveuse au service allemand précité et qui au moment de notre arrestation rendit un immense service à nos camarades de réseau en leur transmettant un message devant leur permettre d'échapper à la police allemande, que peu après notre arrestation Dxxx a déclaré aux officiers allemands « si Balestre et Chapuis doivent être fusillés je demande à être fusillé avec eux ».
3° Robert Stéphanus qui fût arrêté en même temps que nous et qui faisait partie de notre groupe m'a déclaré qu'il fût prévenu par Dxxx de notre arrestation et de prendre le large. N'ayant pas revu Stéphanus à Fresnes, lors de notre commune arrestation et celui-ci s'étant évadé du convoi allemand en cours de transfert au camp de concentration, je n'ai pas eu connaissance de ce fait que lorsque j'ai retrouvé Stéphanus en 1946, je ne puis plus accuser Dxxx des mêmes faits parce que l'enchaînement n'est plus le mêmes certains éléments nouveaux sont plus affirmatifs que les anciens, mais je dois tout de même considérer les sept points sur lesquels vous m'avez demandé de m'expliquer :
1° je dois préciser que Merlin a été assassiné par les Allemands le 5 février 1944 au camp de Cernay en Alsace. François Angers a été arrêté après l'arrestation de Dxxx par les Allemands. Puisqu'il n'a pas été à l'origine de l'échec de la tentative de la rue du Docteur Poincaré, Dxxx ne peut pas être même indirectement responsable de la mort de Van Dick.
2° étant donné certaines déclarations de Chapuis sur lesquelles je m'expliquerai dans les points suivants : je m'étais forgé une opinion sur Dxxx, refusant a priori à accepter toutes ses explications et lui vouant une haine farouche Dxxx a effectivement assisté ainsi que d'autres membres du personnel, tant allemand que français du service à nos interrogatoires
3° cette déclaration aurait été faite par Dxxx à Chapuis
4°Dxxx a également fait cette déclaration à Chapuis. Je dirigeais en accord avec le commandant Simon l’opération qui devait avoir lieu contre le service allemand dont nous avons parlé, mais afin de ne pas me démasquer, je n'ai pas pris contact directement avec Dxxx pour l'associer à notre entreprise. J’avais chargé Chapuis de cette mission. Dxxx n’ayant été arrêté que quelques jours après nous ; l’ayant vu en liberté pendant que l’on nous interrogeait ;me fiant aux déclarations de Chapuis dont j’ai parlé et d’autre part à des confidences de Chapuis et de Stéphanus à la faveur de nos confrontations et de nos interrogatoires rue des Saussaies et selon quoi deux français avaient assisté les allemands dans leur besogne j’ai été naturellement enclin à imputer une part de responsabilité à Dxxx. Sauf, comme il avait été convenu avec les officiers de la D.G.E.R. dont j’ai cité les noms au début de ma déposition, à éclaircir chaque point dans cette affaire par la suite.
Sur le 6 eme point : Reste le conflit qui nous oppose Chapuis et moi à Dxxx au camp de concentration de Dantzig : je rétracte purement et simplement mon accusation.
(…)
En résumé je n’avais de soupçons contre Dxxx que par ce que m’en avait dit Chapuis.
2°Parce que je l’avais vu dans le bureau où j’ai été interrogé
3°parce qu’enfin il a été arrêté quelques jours après moi
En conclusion ma conviction intime aujourd'hui est que Dxxx n’est pour rien dans les arrestations et les déportations des personnes que j'ai désignées dans mes dépositions antérieures.
Lecture faite persiste et signe
Jean Balestre
Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques Site de Pau 30 W Article 45 |
Nous introduisons l’inculpé Dxxx Rxxxen en présence de son conseil Me Guillard et lui donnons connaissance de la déposition ci-dessus.
Réponse :
Je prends note de la conclusion du témoin qui exprime sa conviction que je suis étranger à toute arrestation et déportation.
Lecture faite persiste et signe.
Rxxx Dxxx
Lettre de Rxxx Dxxx au juge
Bayonne le 11 avril 1947
Monsieur le juge,
J’’ai l’honneur de solliciter de votre bienveillance ma mise
en liberté provisoire.
J’ai été arrêté par les Allemands le 17 juin 1944 et
incarcéré à Fresnes. J’ai quitté cette prison par le dernier train de déporté
le 17 août 1944 est amené et emmené en Allemagne. Là, j’ai subi la vie
effrayante des camps de concentration, d’abord à Dantzig , puis à Buchenwald (où
je fus hospitalisé, à la suite de sous-alimentations et de maladie érésipèle)
enfin à Hersbruch-Dachau . En avril 1945, je fus, grâce à
l’avance de la 7e armée américaine, m’évader. Je fus arrêté un mois
après par la gendarmerie française en raison de mon engagement à la Waffen-SS.
Depuis je suis en prison.
Me voici donc détenu depuis trois ans. Deux ordres de faits
me furent reprochés. Mon engagement à la Waffen SS et de prétendues
dénonciations.
En ce qui concerne les dénonciations que le sieur Balestre
avait un moment mis à ma charge, il n’en reste plus rien. Ce que je n’ai cessé
d’affirmer de la façon la plus catégorique est maintenant bien établi : en
aucune manière je n’ai provoqué l’arrestation de quiconque.
Pour ma part je renonce à l’audition de tous autres témoins
considérant que la preuve de mon innocence sur ce point est nettement établie.
En ce qui concerne mon engagement à la Waffen-SS, je l’ai
souscrit à l’âge de 21 ans pour des raisons dont je mesure aujourd’hui toute la
naïveté. J’ai également subi l’influence de la propagande de l’époque, pour une
part.
Dès que je me suis trouvé en contact direct avec les
Allemands je me suis rendu compte de l’étendue de mon erreur. J’ai réagi avec
une certaine violence. J’ai dit aux Allemands ce que je pensais de leurs
méthodes et de leur façon de procéder vis-à-vis des jeunes de ma catégorie.
Tant et si bien que je fus arrêté par eux et envoyé à Fresnes. Et dans les
bagnes nazis je pus apprécier encore ma folie.
Aujourd’hui j’ai le sentiment d’avoir payé cette regrettable
folie de jeunesse. Après trois ans de déportation et de prison.
Tout particulièrement si vous devez faire procéder à des
vérifications complémentaires et attendre le retour de commissions rogatoires
en cours, je vous demande de bien vouloir faire droit à la présente demande de
mise en liberté.
Je prends l’engagement de résider à mon domicile chez mon
père, avenue Reine Victoria à Biarritz et de répondre à toute convocation de
justice.
Veuillez agréer Monsieur le juge mes respectueuses salutations.
signé Rxxx Dxxx
Ci-joint une déclaration de mes anciens professeurs du lycée
de Bayonne.
Déclaration commune des anciens professeurs de Rxxx Dxxx, ex élève au lycée de Bayonne.
Les professeurs au lycée de Bayonne, soussigné, considérant
qu’il est de leur devoir d’apporter leur témoignage sur la figure morale de Rxxx
Dxxx, tel qu’ils l’ont connu au lycée, tiennent à déclarer, sur l’honneur, ce
qui suit :
Rxxx Dxxx a été leur élève pendant plusieurs années avant
la guerre. Il a toujours été pour ses camarades un modèle, à la fois de travail
et de tenue. Travaillant assez pour passer le baccalauréat sans difficulté, il
trouvait le temps de consacrer des loisirs aux sports * et à la peinture, où il
se montrait également très doué. Nous pouvons dire, sans exagération, que
pendant ses années scolaires il a fait honneur au lycée. À ces qualités
s’ajoutait l’amour du risque et de l’aventure. Souvent il nous fit part de ses
projets : il voulait voyager, aller aux colonies. Amour du risque, attrait de
l’aventure, désintéressement, se joignant à des qualités intellectuelles peu
communes, tels ont été selon nous les traits de sa personnalité.
Nous tenons à ajouter que cette déclaration est faite
spontanément par nous ; que parmi les quelques anciens élèves du lycée inculpés
de collaboration, il est le seul qui puisse produire un témoignage de ses
anciens maîtres ; et que les signatures ci-dessous représentent les noms de
tous ses professeurs actuellement fonction à Bayonne. Nous n’avons pas cru
devoir écrire à ceux qui ont quitté le lycée, mais nous sommes certains que
leur témoignage aurait été semblable au nôtre.
Monsieur Lombard, proviseur du lycée de Bayonne en 1939 a
bien voulu s’associer de tout cœur à notre déclaration.
A Bayonne, le 7 novembre 1945.
Monsieur Lombard, proviseur du lycée
Monsieur Bourricaud, professeur agrégé au lycée
Monsieur Marquèze, professeur agrégé au lycée
Monsieur Massé, professeur de dessin, degré supérieur
Monsieur Parpaillon, professeur titulaire au lycée
Complément du blog:
Complément du blog:
*Dxxx aurait été adhérent au club les OURS BLANCS de Biarritz et titulaire d'un brevet de nageur -sauveteur _La Gazette de Biarritz octobre 1942
Attestation
Je soussigné ,SURJUS Jean,syndic des gens de mer ,Principal Hors Classe (Agent assermenté) en fonction à Bayonne (Basses-Pyrénées),certifie que:
M.Dxxx Rxxx,né le 19 mai 1921 ,m'a demandé avec insistance ,quelques jours après l'armistice du 17 juin 1940,que j'intervienne auprès des capitaines de navires de guerre,repliés à Bayonne durant l'exode,afin de relier l'Afrique du Nord ou l'Angleterre et éviter ainsi l'occupation allemande.
Pour des raisons graves,il ne fut pas possible de donner satisfaction à ce jeune homme qui appartenait à un groupe de trois étudiants ayant les mêmes intentions.
Bayonne le 4 juin 1946.
Signé SURJUS
Le Commissaire du Gouvernement près la Cour de justice des Basses-Pyrénées ;
Vu les pièces de la procédure suivie contre le nommé Dxxx Rxxx, 26 ans, représentant de commerce à Biarritz, accusé de trahison et d'atteintes à la sûreté extérieure de l'État
détenu
Attendu qu'il résulte de l’infraction les faits suivants :
Le sept juin 1945 l’accusé Dxxx fut appréhendé par la gendarmerie à Ahum (Creuse) ;il reconnut s'être engagé en octobre 1943aux Waffen-S.S.à Paris et avoir été affecté comme dessinateur à l’Erzatz-Kommando de cette ville.
Au cours de l'information judiciaire, Dxxx renouvelle ses aveux et prétendit n'avoir, en réalité, jamais porté les armes contre la France ou ses alliés. La preuve contraire n'a pas pu être apportée, cependant au dossier figure une fiche allemande d'incorporation aux Waffen-S.S. en date du 21 août 1943 et le magistrat instructeur a constaté que l'accusé était tatoué sous le bras gauche avec la lettre « A ».
Dxxx a prétendu s'être engagé après avoir eu une déception sentimentale, cependant les renseignements fournis par la police de Biarritz et par le nommé Pxxx, accusé d'intelligences avec l’ennemi , dans une note écrite de sa main et dont l’original a été versé au dossier, représentent l'accusé comme un fanatique de la collaboration et comme ayant des rapports étroits avec la Gestapo et avec les milieux collaborationnistes. Pxxx s'est rétracté devant le magistrat instructeur.
Par ailleurs, le nommé Balestre a accusé Dxxx d'être à l'origine de la déportation et de la mort de plusieurs jeunes Français qui avaient pratiqué un attentat à la bombe contre un établissement occupé par l'armée allemande à Paris, rue Poincaré. Au cours de l’information judiciaire, Balestre détenu pour intelligences avec l’ennemi, est revenu sur ses déclarations et le nommé Bxxx, condamné à quinze années de travaux forcés pour atteintes à la sureté de l’État, à corroboré les dires de. Balestre. Dxxx a nié toute participation à cette affaire et toute relation avec la Gestapo dans à Paris qu’à Biarritz ; ce fait n'a pu être établi.
Dxxx n'a jamais été condamné, il aurait été arrêté par les Allemands en juin 1944.
Attendu, en conséquence, qu’il ne résulte pas de charges suffisantes, en l'état, contre le nommé Dxxx Rxxx d'avoir sur le territoire national en 1940, 1941,1942,1943 et 1944, étant français et en temps de guerre ;
1° entretenu des intelligences avec une puissance étrangère ou avec des agents en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France ;
2° porté les armes contre la France ;
3° par des actes non approuvés par le gouvernement exposé les Français à subir des représailles ;
Faits ayant révélé son intention de favoriser les entreprises de toute nature de l’ennemi
crimes prévus et punis par les articles 75 et 79 du code pénal ,I et suivants de l'ordonnance du 28 novembre 1944
Décide le classement de la procédure en l'état de ses chefs ;
Mais attendu qu'il résulte par contre, contre le susnommé charges suffisantes d'avoir dans les mêmes circonstances de temps et de lieu ;
1° étant français en temps de guerre, entretenu sans autorisation du Gouvernement une correspondance ou des relations avec des sujets ou les agents d’une puissance ennemie ;
2° en temps de guerre, sciemment accompli tout autres actes de nature à nuire à la défense nationale
Faits ayant révélé son intention de favoriser les entreprises de toute nature de l'ennemi
crime et délit connexe prévus et punis avec les articles 79 paragraphe 4 et 83 du Code pénal,I et suivants de l’ordonnance du 28 novembre 1944
Décide le renvoi du susnommé devant la Cour de justice des Basses-Pyrénées pour y être jugé conformément à la loi
Fait à Pau le 2 mai 1947
Le commissaire du gouvernement
Cour de justice des Basses Pyrénées
Exposé des faits
Le Commissaire du Gouvernement près la Cour de justice des Basses-Pyrénées ;
Vu les pièces de la procédure suivie contre le nommé Dxxx Rxxx, 26 ans, représentant de commerce à Biarritz, accusé de trahison et d'atteintes à la sûreté extérieure de l'État
détenu
Attendu qu'il résulte de l’infraction les faits suivants :
Le sept juin 1945 l’accusé Dxxx fut appréhendé par la gendarmerie à Ahum (Creuse) ;il reconnut s'être engagé en octobre 1943aux Waffen-S.S.à Paris et avoir été affecté comme dessinateur à l’Erzatz-Kommando de cette ville.
Au cours de l'information judiciaire, Dxxx renouvelle ses aveux et prétendit n'avoir, en réalité, jamais porté les armes contre la France ou ses alliés. La preuve contraire n'a pas pu être apportée, cependant au dossier figure une fiche allemande d'incorporation aux Waffen-S.S. en date du 21 août 1943 et le magistrat instructeur a constaté que l'accusé était tatoué sous le bras gauche avec la lettre « A ».
Dxxx a prétendu s'être engagé après avoir eu une déception sentimentale, cependant les renseignements fournis par la police de Biarritz et par le nommé Pxxx, accusé d'intelligences avec l’ennemi , dans une note écrite de sa main et dont l’original a été versé au dossier, représentent l'accusé comme un fanatique de la collaboration et comme ayant des rapports étroits avec la Gestapo et avec les milieux collaborationnistes. Pxxx s'est rétracté devant le magistrat instructeur.
Par ailleurs, le nommé Balestre a accusé Dxxx d'être à l'origine de la déportation et de la mort de plusieurs jeunes Français qui avaient pratiqué un attentat à la bombe contre un établissement occupé par l'armée allemande à Paris, rue Poincaré. Au cours de l’information judiciaire, Balestre détenu pour intelligences avec l’ennemi, est revenu sur ses déclarations et le nommé Bxxx, condamné à quinze années de travaux forcés pour atteintes à la sureté de l’État, à corroboré les dires de. Balestre. Dxxx a nié toute participation à cette affaire et toute relation avec la Gestapo dans à Paris qu’à Biarritz ; ce fait n'a pu être établi.
Dxxx n'a jamais été condamné, il aurait été arrêté par les Allemands en juin 1944.
Attendu, en conséquence, qu’il ne résulte pas de charges suffisantes, en l'état, contre le nommé Dxxx Rxxx d'avoir sur le territoire national en 1940, 1941,1942,1943 et 1944, étant français et en temps de guerre ;
1° entretenu des intelligences avec une puissance étrangère ou avec des agents en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France ;
2° porté les armes contre la France ;
3° par des actes non approuvés par le gouvernement exposé les Français à subir des représailles ;
Faits ayant révélé son intention de favoriser les entreprises de toute nature de l’ennemi
crimes prévus et punis par les articles 75 et 79 du code pénal ,I et suivants de l'ordonnance du 28 novembre 1944
Décide le classement de la procédure en l'état de ses chefs ;
Mais attendu qu'il résulte par contre, contre le susnommé charges suffisantes d'avoir dans les mêmes circonstances de temps et de lieu ;
1° étant français en temps de guerre, entretenu sans autorisation du Gouvernement une correspondance ou des relations avec des sujets ou les agents d’une puissance ennemie ;
2° en temps de guerre, sciemment accompli tout autres actes de nature à nuire à la défense nationale
Faits ayant révélé son intention de favoriser les entreprises de toute nature de l'ennemi
crime et délit connexe prévus et punis avec les articles 79 paragraphe 4 et 83 du Code pénal,I et suivants de l’ordonnance du 28 novembre 1944
Décide le renvoi du susnommé devant la Cour de justice des Basses-Pyrénées pour y être jugé conformément à la loi
Fait à Pau le 2 mai 1947
Le commissaire du gouvernement
Pour aller plus loin
Les soldats du Führer,un article signé Jean Balestre
publié dans le numéro 2 de DEVENIR édition de mars 1944
Service historique de la Défense,Vincennes (Val-de-Marne)
Titres,homologations et services pour faits de résistance
déportés et internés de la résistance (DIR)
Balestre Jean-Marie
Cote : SHD Château de Vincennes GR 16 P 29135_ sous réserve de communicabilité de l'ensemble des pièces du dossier