10 avril 2025

Recensement des juifs 1941-1942

Circulaires de la sous-préfecture de Bayonne

 aux maires des communes occupées 

du département des Basses-Pyrénées

1941-1942

E dépôt Salies-de-Béarn 4 H 12

 La sous-préfecture de Bayonne n’a pas versé aux archives départementales des Pyrénées-Atlantiques ses fonds de la Seconde Guerre mondiale. Du moins les documents sensibles liés aux répressions et persécutions. Les personnels d’encadrement et d’exécution des AD 64 ignorent le motif de ce trou mémoire. Tout n’est peut-être pas irrémédiablement perdu. En effet, on peut parfois découvrir dans des archives communales, des pièces en relation avec la sous-préfecture de Bayonne sous l’occupation nazie et le régime du maréchal Pétain. Ainsi la commune de Salies-de-Béarn a conservé des circulaires de la sous-préfecture de Bayonne relatives aux recensements des juifs. Les originaux sont consultables en salle de lecture des AD 64 à Pau .

 

Circulaire N°240

Bayonne, le 28 juillet 1941

ÉTAT FRANÇAIS

SOUS-PRÉFECTURE DE BAYONNE

Zone occupée des Basses-Pyrénées

 LE PRÉFET Faisant fonctions

A Messieurs les maires des Communes occupées du département des Basses-Pyrénées

A Messieurs les Commissaires de Police

 

J'ai l'honneur de vous adresser sous ce pli, un modèle de la déclaration à fournir en double exemplaire, par les juifs qui se présenteront à vous pour se conformer aux indications contenues dans l’avis que j’ai fait insérer dans la Presse..

Cette déclaration doit être faite par le mari pour la femme et par le représentant légal pour le mineur ou l'interdit.

Je vous prie de vouloir bien grouper les déclarations qui vous seront remises en veillant à ce qu'elles soient bien établies dans les formes indiquées, et me les faire parvenir sans retard.

Pour vous permettre de répondre à des questions qui pourraient vous être posées, je vous rappelle qu'aux termes de la loi du 2 juin 1941, est regardé comme juif :

1° Celui  ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d'au moins trois grands-parents de race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive.

 Est regardé comme étant de race juive, le grand-parent ayant appartenu à la religion juive,

2° Celui ou celle qui appartient à la religion juive ou y appartenait le 25 juin 1940 et qui est issu de deux grands-parents de race juive.

La non-appartenance à la religion juive est établie par la preuve de l'adhésion à l'une des autres confessions reconnues par l'État avant la loi du 9 décembre 1905.

Le désaveu ou l'annulation de la reconnaissance d'un enfant considéré comme juif sont sans effet au regard des dispositions qui précèdent.

Le Préfet f.fons

    

Circulaire N°272

Bayonne, le 23 septembre 1941

ÉTAT FRANÇAIS

SOUS-PRÉFECTURE DE BAYONNE

4ème Bureau

 LE PRÉFET Faisant fonctions

A Messieurs les Commissaires de Police de Bayonne, Biarritz, St-Jean-de-Luz

A Messieurs les Maires des communes occupées du département des Basses-Pyrénées

 Les Autorités occupantes viennent de prescrire un nouveau recensement des Juifs pour permettre d'en établir une liste contenant divers renseignements qui n'avaient pas été recueillis lors du précédent recensement.

Par la voie de la presse j’invite les intéressés à se présenter dans les commissariats de police ou dans les mairies à l'effet de produire de nouvelles déclarations.

 Vous voudrez bien recevoir ces déclarations et me faire parvenir pour le 1er octobre dernier délai un état récapitulatif conforme au modèle ci- annexé (en double exemplaire).

Si parmi les déclarants certains ont déjà été recensés dans une autre commune ou dans un autre département lors du recensement de 1940, vous aurez à le mentionner dans la colonne « Observations ».

S'il n'existe pas de juifs dans votre commune, un état portant la mention « Néant » devra m'être adressé.

Au cas où des décès se seraient produits depuis le dernier recensement des juifs, vous aurez à m'indiquer sur un état spécial les noms des décédés et la date de leur décès.

J'insiste tout particulièrement auprès de vous pour que les indications demandées soient données avec une scrupuleuse exactitude.

Je vous rappelle que : est regardé comme juif :

1° Celui ou celle appartenant  (..)

Le Préfet f.fons

 

Zone occupée des Basses-Pyrénées

4eme

Bayonne, le 8 octobre 1941

Le Préfet faisant fonctions

 

A Messieurs les Commissaires de Police de Bayonne, Biarritz et St-Jean-de-Luz

A Messieurs les Capitaines de Gendarmerie de Bayonne et d’Orthez

A Messieurs les Maires de Guéthary- Boucau- Bidart-Sault-de-Navailles-Larressore-Came-Salies de Béarn- Iholdy- Itxassou- Cambo-les-Bains-Hendaye-Arcangues-Louhossoa-St-Jean-Pied-de-Port-Ustaritz-Orthez

La Feldkommandantur de Biarritz me demande de lui présenter un rapport constatant :

1°) que tous les juifs sont actuellement en possession d’une carte d’identité ;

2° que toutes les cartes d’identité ont reçu le cachet prescrit.

Pour me permettre de me conformer à ces instructions, je vous prie de vouloir bien me rendre compte de toute urgence, et au plus tard pour le 15 octobre ,de l’application de ces mesures en ce qui vous concerne.

P.le Préfet f.fons. empêché

Le Secrétaire en chef délégué.

 

 

Circulaire N°325

Bayonne, le 4 mars 1942

ÉTAT FRANÇAIS

SOUS-PRÉFECTURE DE BAYONNE

4ème Bureau

 Le Sous-Préfet de Bayonne

A Messieurs les Maires des Communes occupées du département des Basses-Pyrénées

Et les Commissaires de Police de Bayonne, Biarritz et St-Jean-de-Luz

Pour information à Messieurs les Maires de Bayonne, Biarritz et St-Jean-de-Luz

Pour contrôler l'exécution de l'ordonnance du 7 février 1942, les autorités allemandes me demandent de leur fournir la liste des Juifs résidant actuellement dans la zone occupée des basses Pyrénées.

En conséquence, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien, en ce qui vous concerne, procéder de toute urgence à l'établissement de cette liste, qui devra grouper par famille les Israélites résidant dans votre commune et mentionner les lieux, états de naissance, profession, nationalité, sexe, domicile exact, indiquer la situation de famille, le nombre et l'âge des enfants et signaler en outre si les intéressés ont été baptisés ou ont changé de religion.

Cette liste devra être dressée avec le plus grand soin, Elle servira aux vérifications effectuées par les services de police français et allemands.

 J'appelle votre attention sur le fait que votre responsabilité serait engagée pour le cas où il serait constaté des omissions ou des inexactitudes.

 Vous voudrez bien me l'adresser pour le 12 mars dernier délai.

Si aucun Israélite ne réside dans votre commune, un état néant devra être fourni.

Le Sous-Préfet

 

Complément du blog :

L’ordonnance allemande du 7 février 1942 interdisait aux Juifs de sortir de chez eux entre 20 heures et 6 heures.

 

04 avril 2025

Surveillance d'une alsacienne

Pau,le 10 août 1917

MINISTÈRE DE L INTÉRIEUR
Direction de la Sûreté Générale
COMMISSARIAT SPÉCIAL
des Chemins de Fer
de  Pau

Le commissaire spécial de Pau

à Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées

La demoiselle Schmit, Marie, qui fait l'objet de la note ci-jointe de  Mr. le Général Commandant la 18ème région, habite actuellement rue Pasteur à Pau, à proximité du temple protestant. Elle vit maritalement à cette adresse avec le nommé Meyer Lucien Albert, 20 ans, et d'origine alsacienne, né à Delme (Lorraine), le 25 mars 1897, employé depuis plus de deux ans chez Mr. Michelet, épicier aux « Produits Potin », rue de la préfecture à Pau.

Cette demoiselle qui était placée depuis un an comme femme de chambre chez Mme Muller, rentière, 60 boulevard d'Alsace-Lorraine, villa Euterpe, est également d'origine alsacienne. Elle est née en effet à Winkel  le 16 avril 1894, de Alfred, 54 ans, et de Marguerite Lorenz, 69 ans, nés et domiciliés  encore dans la même localité..

 Schmitt-Marie se trouve en France depuis 1913. Elle a séjourné tout d'abord à Nancy où elle souscrivait à la date du 4 novembre de la même année, une déclaration d'étranger sous le numéro 35380. Mlle Schmitt est arrivée à Pau, peu de jours après la déclaration de guerre avec Mme Klopp ,sa patronne, actuellement à Paris.

Un permis de séjour lui ayant été délivré à cette époque, elle rentrait, peu de temps après son arrivée au service de M. Tranchau, ancien trésorier-payeur général, aujourd'hui décédé à Pau, puis au service de Mme Müller ,comme femme de chambre. Mlle Schmitt a reçu à la date de 8 février 1917 un récépissé de cartes d'identité.

 A la suite de la surveillance discrète dont elle a été l'objet, il est exact que cette demoiselle a non pas deux fils, mais deux frères dans l'armée allemande. Ce sont Alfred, 25 ans, et René, 20 ans. De plus, l'aîné Eugène, 27 ans, serait employé dans une usine de guerre allemande, tandis que le plus jeune, Aimé, 17 ans, serait sur le point d'être mobilisé lui aussi.

Mlle Schmit a aussi trois sœurs :Madeleine, Élise et Thérèse, respectivement âgées de 24-21  et 11 ans.

Au cours de cette surveillance, il a été établi que son attitude et sa conduite n'ont jamais été   jusqu’ici 'objet d'aucune remarque défavorable. Sa correspondance, d'autre part, n'a rien révélé de suspect. En ce qui concerne les photographies et les lettres qu'elle aurait reçues par l'intermédiaire de Mme Pue,ce  sont tout simplement des photographies de famille_ trois_ sur lesquelles figurent la mère de cette jeune fille, ses deux frères plus jeunes et ses sœurs. Les lettres de Mlle Schmitt arrivaient régulièrement par la Suisse.Elles étaient adressées en deuxième lieu, par son oncle, Charles Lorenz. menuisier à Panentruy  qui  les recevait d'abord .

 Ces lettres ont toujours été ouvertes par la censure militaire à leur arrivée en France. Mlle Schmitt n'a jamais reçu d'autre correspondance. Elle continue néanmoins à être l'objet d'une surveillance journalière.

 Le commissaire spécial

Source :AD 64 Pau 4 M Article 174

 

Compléments du blog:

Acte de naissance en ligne et en langue allemande Marie Schmitt Marie

Archives Alsace Winkel naissances 1893-1902 Acte N°10 Vue 19/104


Acte de naissance en ligne et en langue allemande Albert Joseph Lucien Meyer

AD 57 Moselle Delme Naissances  1893-1904  9NUM/174EC11   Acte N°3 Vue 39/113

27 mars 2025

Recherches et arrestation de trois prisonniers de guerre allemands qui s'étaient évadés.

 

Recherches et arrestation de trois prisonniers de guerre allemands qui s'étaient évadés.

Pau le 31 mars 1916

Rapport du Commissaire de Police

à Monsieur le Commissaire Central.

J'ai l'honneur de vous faire connaître que le jeudi 30 mars à 8 heures du soir, Mr. Péhau inspecteur de police s’est présenté à mon domicile, 22 rue Pasteur, pour me faire connaître qu'un cycliste s'était rendu au commissariat pour dénoncer la présence aux environs de la villa Saint-André- Chemin-Tourasse de trois prisonniers de guerre allemands. L'inspecteur a noté qu'il avait embrouillé sur les lieux 3 agents cyclistes.

 Je me suis rendu immédiatement à la gendarmerie, pour porter ses renseignements à la connaissance de l'adjudant commandant les brigades de Pau. Accompagné du maréchal des logis-chef, je suis parti immédiatement à l'endroit désigné ( extrémité des allées de Morlaàs), et, de concert avec ce sous-officier, j'ai recueilli quelques renseignements, et reçu la déclaration d'un nommé Philippon Charles, 50 ans, domestique chez Mr Camy-Debat , propriétaire au hameau de Pau, Chemin Tourasse  et celle de la patronne, : de leurs dires il résultait que les 3 militaires avaient passé la soirée d'hier dans un champ appartenant à Mme Veuve Camy, où ils se cachaient dans un fossé. Ils auraient dit à cette femme qu'ils étaient évadés d'un camp de concentration des environs d'’Auch, et qu'ils voulaient se rendre en Espagne. L'un d'eux, qui causait très bien le français, était détenteur d'une carte d'état-major qui lui aurait été procurée par un Belge. Enfin, ils se seraient déclarés exténués de fatigue, et auraient sollicité et obtenue de cette femme, qu’il i leur fut donné à manger. Ils lui auraient en outre demandé de garder la plus grande discrétion, et de ne pas faire connaître à la police ou aux gendarmes leur présence en ces lieux, car ils seraient arrêtés.

 La dame Camy, effrayée par la vue des dits Allemands, étant seule avec sa mère et un vieux domestique, donna à manger aux prisonniers et ne dire rien jusqu'au moment où le travail terminé, elle put réintégrer la ferme. A ce moment, elle prévient un cycliste qui, vers 7h30, vint au commissariat.

En présence de ces faits, je décidais avec le maréchal des logis, de me mettre à la poursuite des fugitifs. A cet effet, après avoir battu les champs environnants, nous avons suivi la route de Morlaàs. Arrivés au lieu-dit « Esquive » nous avons suivi le grand boulevard qui nous a conduits directement devant l'église du hameau. Continuant notre randonnée, nous sommes arrivés à Lescar, ; traversant le village nous sommes arrivés sur la route de Bordeaux, où nous avons continué notre course vers Artix ; en arrivant au passage à niveau, nous avons interrogé le veilleur de nuit qui se trouvait dans sa guérite. Ce dernier nous ayant déclaré qu'il était à son poste depuis 8 heures du soir et qu'aucun piéton n'avait traversé la voie, nous l'avons mis au courant de nos recherches et l'avons prié, au cas où les Allemands viendraient à être vus par lui, d'en informer immédiatement la brigade de Lescar.

Continuant notre course, nous arrivions à Danguin  à 11 heures . Supposant à juste raison qu'il n'était pas possible aux 3 militaires d'arriver jusqu'à ce point en raison de l’heure tardive à laquelle ils avaient été aperçus du côté du hameau, nous avons jugé qu'il était préférable de faire demi-tour espérant de les rencontrer en chemin.

En arrivant au passage à niveau où nous étions arrêtés la 1ere fois, nous avons appris que les 3 évadés étaient arrivés à cet endroit après notre passage et que le brigadier de gendarmerie, informé aussitôt, les avait arrêtés.

Source :AD 64 Pau salle de lecture

1 M Article 115 Administration Générale du département.

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