02 avril 2017

Bohémiens des Basses-Pyrénées soumis à la transportation à Cayenne ou à l'internement dans les départements éloignés

Répression du vagabondage._Bohémiens soumis à la transportation ou à l'internement dans les départements éloignés.

Département des Basses-Pyrénées _Recueil des actes administratifs année 1860.Collection particulière

 






























Pau, le 18 septembre 1860.

Le préfet à MM. les sous-préfets, Maires, Officiers de gendarmerie et Commissaires de police du département.

Messieurs,
Depuis mon arrivée dans le département, j’ai été frappé de la fréquence regrettable avec laquelle les vols à main armée et à l’aide de violences se produisent, particulièrement dans le Pays Basque, Malgré les plus minutieuses investigations, la justice a été rarement saisie des coupables. La voix publique est unanime à faire peser sur la race des Bohémiens, dont un grand nombre sont assujettis à la surveillance de la haute police, les soupçons les plus véhéments. En effet, cette population nomade, qui compte environ 500 membres, hommes, femmes et enfants, n'a ni feu ni lieu, se réfugie dans les bordes isolées, sur notre territoire et au-delà de la frontière, ne se livre à aucun travail régulier et trouve dans le vagabondage et la rapine ses moyens d’existence.
Comme conséquence naturelle des dispositions générales que j’ai prises pour assurer l’extinction de la mendicité dans le département, j’ai proposé à M. le Ministre de l’Intérieur d’envoyer à Cayenne ou de disséminer dans l’intérieur de l’Empire les individus réputés les plus dangereux. Ma proposition a été accueillie. Une récente décision a soumis 9 individus à la transportation dans une colonie pénitentiaire et 23 autres à l'internement dans les départements du Nord, de l’Est, de l’Ouest et de la Corse. Vous en trouverez la la liste à la suite de cette circulaire.
L’application de cette mesure produira, sans aucun doute, d’excellents résultats ; mais ce ne serait qu’un palliatif au mal si on ne  redoublait de vigilance à l’égard d’un grand nombre d’individus auxquels la décision ministérielle n’a pu être étendue et qui sont un objet d’inquiétude pour les populations. Surveillez donc attentivement, Messieurs, les allures de ces malfaiteurs et n’hésitez pas à le déférer à la justice s'ils commettent de nouveaux délits. Une fois condamnés et  soumis à la surveillance, je réclamerai contr'eux l’application du décret du 8 décembre 1851. C’est ainsi que nous atteindrons un but  depuis si longtemps recherché, celui de purger le département d’une catégorie de gens sans aveu, dont  les habitudes de vol et de brigandages sont notoires, et d’assurer la sécurité aux paisibles habitants de nos campagnes.
Recevez ,Messieurs, l’assurance de ma considération très-distinguée.
Le préfet des basses Pyrénées,
A.PRON.


Individus transportés à Cayenne

Département des Basses-Pyrénées _Recueil des actes administratifs année 1860.Collection particulière

Aguer Arnaud dit Uhalt 32 ans,résidence Juxue

Bagardigue André 34 ans,résidence Luxe-Somberraute 

Bidegain Guillaume 35 ans résidence Aldudes

Borda Dominique 30 ans,résidence Behorléguy

Décédé le 28 novembre 1865

Constantin Jean 34 ans,résidence Tarbes

Erreca Pierre dit Errecalde 30 ans résidence Bussunarits

Etcheberry G.dit Maillo 23 ans résidence Ostabat

Etcheverry Pierre 32 ans résidence Isturits

Laplace Jean 31 ans résidence Larrib.Sorhapuru

Rocat Jean 46ans résidence Orthez
Département des B-P _Recueil des actes administratifs année 1860.Col particulière

Individus éloignés du département

Aguerre Marie,40 ans résidence Larrib.Sorhapuru ,destination Belfort (H-Rhin)
Aguerre Marianne,26 ans,résidence Irissary,destination Colmar (H-Rhin)
Arostéguy Marie,52 ans,résidence Bunus,destination Calvi (Corse)
Ascarain Pierre,44 ans,résidence Jaxu,destination Arras (Pas-de-Calais)
Barnèche Jeanne,24 ans,résidence Bunus,destination Avranches (Manche)
Barnèche Marguerite,27 ans,résidence Lantabat,destination Lisieux (Calvados)
Carriquiry Marie 56 ans,résidence St-Jean-Pied-de-Port,destination Nancy (Meurthe)
Carriquiry-Etcheberry,65 ans,résidence Ossès,destination Coutances (Manche)
Bidegaray Martine,sans autres renseignements.
Espil Gracieuse,28 ans,résidence Irissary,destination Amiens (Somme)
Etchart Michel,33 ans,résidence St-Palais,destination Mézières (Ardennes)
Etcheberry Marie-Gasté,25 ans,résidence St-Jean-le Vieux,destination Troyes (Aube)
Etchart-Etcheverry Grac.56 ans,résidence Uhart-Cize,destination Thionville (Moselle)
Etcheverry Jean dit Pildar,54 ans,résidence Suhast,destination Rethel (Ardennes)
Etcheverry (Marie),41 ans,résidence St-Jean-Pied-de-Port,destination Briey (Moselle)
Laplace Gracieuse 26 ans,résidence Lohitzun,destination Abbeville (Somme)
Laplace Jean,56 ans,résidence Larrib.-Sorhapuru,destination Auxerre (Yonne)
Laplace Paul,23 ans,résidence Larrib.-Sorhapuru,destination Strasbourg (Bas-Rhin)
Laurencena Guillaume,48 ans,résidence Beguios,destination Toul (Meurthe)
Mendy Pierre dit Pierrreno ,21 ans,résidence Hasparren,destination Arles (Bouches-du-Rhone)
Maillo Marie ,24 ans,résidence St-Just-Ibarre,destination Bar sur-Aube (Aube)
Maillo Catherine ,17 ans,résidence St-Just-Ibarre,destination Calvi (Corse)
Recalt ou Recalde Catherine ,31 ans ,résidence St-Palais,destination Sartène (Corse)
Uhart Gracieuse ,21 ans ,résidence St-Palais,destination Caen (Calvados)
Uhart Marie ,20 ans,résidence Larrib.Sorhapuru,destination Saverne (Bas-Rhin)


Compléments du blog Retours vers les Basses-Pyrénées 

à propos des individus transportés à Cayenne


Les généalogistes du Béarn et du Pays Basque sont susceptibles de compléter leurs données en consultant les deux sites internet suivants:

Histoire du Bagne de Guyane

Copie écran du site Histoire du bagne de Guyane

 Archives nationales d'outre-mer (ANOM) _Bagnes coloniaux

Avertissement technique

Depuis le 8 mars 2017, la visionneuse d'images des Archives nationales d'outre-mer NOM n'est plus prise en charge par la dernière version du navigateur Firefox. Une nouvelle visionneuse d'images sera disponible sur le site internet des ANOM site courant avril.
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Source: ANOM _Avertissement

ANOM_Extrait de l'acte de décès en ligne de Bagardigue André ayant exercé la profession de Bohémien






Bagardigue André 34 ans,résidence Luxe-Somberraute 
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 270
Condamné en 1860
Décédé le 18 septembre 1862 à Saint-Laurent du Maroni
Acte de décès en ligne ANOM État civil St-Laurent-du-Maroni 1862 Acte N°18 Vue N°5
Né à Barinque (Basses-Pyrénées)
Fils de Jean-Pierre Bagardigue et Gracieuse Tuquette




Bidegain Guillaume 35 ans résidence Aldudes
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 121
Condamné en 1859 

Borda Dominique 30 ans,résidence Behorléguy
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 275
Condamné en 1860 Décédé le 28 novembre 1865
Acte de décès en ligne  ANOM État civil  Iles-du-Salut 1865 Acte N°133 Vue N°35
Fils de Jean Borda et Dominique Alassalle
Né à Béhorléguy (Basses-Pyrénées)


Constantin Jean 34 ans,résidence Tarbes
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 284
Condamné en 1860
Décédé le 24 avril 1861
Acte de décès en ligne  ANOM État civil  Iles-du-Salut 1861 Acte N°89 Vue N°15 
Fils de Pierre Constantin et Anne Cagnon
Né à Bordes (Hautes-Pyrénées)


 Erreca Pierre dit Errecalde 30 ans résidence Bussunarits
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 292
Condamné en 1860
Décédé le 26 septembre 1864
Acte de décès en ligne  ANOM État civil  Iles-du-Salut 1864 Acte N°76 Vue N°20 
Né à Hasparren fils de Catherine Recalde marié avec Marie Aguerre


Etcheberry G.dit Maillo 23 ans résidence Ostabat
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 571
Condamné en 1859
Evadé le 13 juillet 1863


Etcheverry Pierre 32 ans résidence Isturits
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 157
Condamné en 1860

Laplace Jean 31 ans résidence Larrib.Sorhapuru
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 574
Condamné en 1859 Évadé de St-Laurent le 21 aout 1863


Rocat Jean 46ans résidence Orthez
Cote de référence ANOM :FR ANOM COL H 343
Condamné en 1860
Repris de justice en rupture de ban (3e catégorie 1e section).
Décédé le 3 décembre 1861 à Montagne d'Argent
Acte de décès en ligne  ANOM État civil  Montagne d'Argent  1861 Acte N°75 Vue N°19
Né à Sainte-Suzanne (Basses-Pyrénées) 

Pour aller plus loin

earchives.le64.fr

La requête Bohémiens _n'oubliez pas le s_sur le moteur de recherche des AD 64 propose 7o résultats dont 13 documents numérisés :
  • 12 archives antérieures à 1790
  • 1 archive postérieure à 1790

Sous Préfecture de Mauléon 
Police
2 Z 70 
1848-1860
Filles publiques,cabarets,bohémiens
53 vues dont
Vues 14 et 15

État nominatif des bohémiens résidant dans le canton de St-Jean-Pied-de-Port
Vues 16-17 et 18

État nominatif des bohémiens résidant dans le canton de Saint-Palais
Vues 20-21-22 et 23

État nominatif des bohémiens résidant dans le canton d'Iholdy
Vues 23-24-25-26

Commune d'Hélette

Canton de Tardets



En salle de lecture des sites de Pau et de Bayonne 

des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques

Avant tout déplacement,il est vivement recommandé de s'assurer de l'ouverture des sites et de la communicabilité des documents.

La requête Bohémiens _n'oubliez pas le s_sur le moteur de recherche des AD 64 propose 7o résultats:

Il conviendra également de consulter le cas échéant  les fonds de justice _Série U_et des établissements pénitentiaires _Série Y_
 

29 mars 2017

Usage abusif des certificats de bonne vie et moeurs



Émigration._Passeports à l’Étranger

Pau, le 26 octobre 1855.

A Messieurs les Maires du département.


Monsieur le maire,


Je suis informé que des jeunes gens, auxquels l'administration refuse des passe-ports  pour se rendre dans les colonies parce qu’ils n’ont pas encore satisfait à la loi de recrutement, ont souvent recours à des manœuvres que rendraient  nulle une plus grande sévérité  de l’autorité municipale. Ainsi, lorsqu’un jeune homme de 18 à 20 ans veut se soustraire par l’émigration aux chances du tirage au sort, il s’adresse au maire ou à l'adjoint de de sa commune et lui demande un certificat de bonne vie et mœurs, contenant les nom, prénoms, âge et quelquefois  le signalement de l’individu. On stipule encore  dans certains certificats que celui qui en fait usage  est né de parents espagnols non naturalisés français , et qu’à ce titre, il ne pas être assujetti à la loi sur le recrutement de l’armée. Pour les jeunes gens compris dans le contingent départemental non encore appelés à l'activité, on modifie la formule du certificat en observant qu'en leur qualité de fils d'étrangers non naturalisés, quoique domiciliés dans la commune, ils n’ont pas été portés sur les tableaux de recensement  ou ont été dispensés de concourir au tirage .

Au moyen de ces certificats , ces jeunes gens pénètrent facilement  en Espagne et se rendent au Passage, port Espagnol. Ils se présentent même parfois au consulat d’Espagne à Bayonne, où, sur la production de ces certificats, un passe-port pour l’Espagne leur est délivré.
Vous comprendrez, Monsieur le Maire, combien il importe  de porter remède à ces abus  qui ont pour résultat de soustraire ces jeunes gens à la loi du recrutement de l’armée et à la surveillance de l’autorité supérieure. 
Je vous invite , en conséquence,à ne délivrer ,à l'avenir,ces certificats de moralité que dans la forme régulière  où ils doivent l’être, et après vous être assuré d’une manière certaine de la position des jeunes  gens qui les réclament.

Vous ne devez point perdre de vue, d’ailleurs, que ce n’est pas à l'autorité municipale qu'il appartient de statuer sur les questions de nationalité, et par conséquent de décider  si tel ou tel individu doit être compris sur la liste du contingent.

J’appelle toute votre attention sur la gravité des observations qui précèdent, et je compte sur votre zèle pour surveiller la stricte exécution. 
Agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de ma considération très distinguée.

Le Préfet des Basses-Pyrénées
A.LAITY
Source:
Empire Français
Département des Basses-Pyrénées
Recueil des actes administratifs
Année 1855
Collection particulière

28 mars 2017

Révocation de l’instituteur de Bellocq



Révocation de l’instituteur de Bellocq

 Nous, Commandant supérieur des Francs-tireurs et des Gardes nationales de St-Quentin,


PRÉFET DES BASSES- PYRÉNÉES,

Attendu qu’il résulte de renseignement très précis qui vient de nous être transmis, que Labayande,  instituteur de la commune de Bellocq, s’est félicité publiquement des revers de  l’armée française de l’Est ;

Attendu qu’un instituteur qui insulte ainsi publiquement aux malheurs de la patrie est un mauvais citoyen, capable de pervertir le sens moral de la jeunesse, et que par là il déshonore  le corps enseignant,

ARRÊTONS/

Art.1er .Labayande, instituteur public à Bellocq , est révoqué de ses fonctions.

Art.2.Il lui est enjoint de cesser immédiatement ses fonctions dès la notification du présent arrêté.

Art 3.Des expéditions du présent arrêté seront adressées à MM. l’Inspecteur d’Académie et le Maire de Bellocq, qui sont chargés d’en assurer l’exécution.


Pau, le 4 février 18171 


ANATOLE DE LA FORGE

Source:
Préfecture des Basses-Pyrénées
Recueil des Actes Administratifs
Année 1871
Page 77
Collection particulière

Pour aller plus loin  

Anatole de La Forge

Sur le site internet de l'Assemblée Nationale ,la biographie d'Anatole de la Forge,extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny )

  • Né le 1er avril 1821 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 6 juin 1892 à Paris (Paris - France)


Député de 1881 à 1889, né à Paris le 1er avril 1821, il se destina d'abord à la diplomatie. Attaché à la légation de Florence, puis secrétaire d'ambassade à Turin et à Madrid, il fut chargé, en 1846, d'une mission en Espagne qui lui valut, au retour, la croix de chevalier de la Légion d'honneur.

La révolution de 1848 modifia ses idées : il se tourna vers le journalisme, collabora à l'Estafette, puis entra au Siècle, dont il devint un des principaux rédacteurs, et où il se fit pendant plusieurs années une spécialité des questions de politique extérieure.

Ayant soutenu, sous l'Empire, l'opposition démocratique, il fut nommé, après le 4 septembre 1871, préfet du département de l'Aisne. Les circonstances faisaient alors de cette fonction un véritable poste de combat : M. Anatole de La Forge parvint à grande peine jusqu'à Saint-Quentin, que la prise et l'occupation de Laon avaient substitué au chef-lieu, y organisa la résistance, et eut personnellement, à la vaillante défense de cette ville contre les troupes allemandes, pendant la journée du 8 octobre 1870, une part des plus honorables : le préfet avait combattu à la tête des gardes nationaux, des pompiers et des ouvriers de Saint-Quentin, et, quoique blessé grièvement à la jambe, était resté au feu jusqu'au moment où l'ennemi s'était décidé à battre en retraite sur Laon. Le gouvernement de la Défense nationale nomma M. Anatole de La Forge officier de la Légion d'honneur (28 octobre) ; lui adressa de chaleureuses félicitations, et l'appela à la préfecture des Basses-Pyrénées (février 1871). Partisan de la guerre à outrance, M. de La Forge s'efforça de rendre cette politique populaire, présida aux élections du 8 février 1871, et donna sa démission après le vote des préliminaires de paix.

Redevenu collaborateur du Siècle, il fut porté par les républicains, aux élections du 14 octobre 1877, candidat dans le 8e arrondissement de Paris, où il obtint 5 241 voix contre 6 335 au vice-amiral Touchard, monarchiste, élu.

Puis, lors de la formation du cabinet Dufaure, le 14 décembre suivant, M. Anatole de La Forge fut appelé aux fonctions de directeur de la presse au ministère de l'Intérieur. En les acceptant, le nouveau titulaire s'était flatté de l'espoir que la gouvernement et les Chambres établiraient en matière de presse le régime de la liberté absolue ; il adressa même dans ce sens à M. de Marcère un remarquable rapport, dont les conclusions ne furent pas adoptées par les pouvoirs publics. Il se démit alors (25 mai 1879) de ses fonctions.

Candidat républicain à l'élection partielle du 29 mai 1881, motivée dans le 9e arrondissement de Paris par le décès d'Emile de Girardin, il fut élu par 9 198 voix (15 698 votants, 23 261 inscrits), contre 4 250 à M. Ed. Hervé, monarchiste, et 2 079 à M. Paul Dubois, républicain radical.

Aux élections générales suivantes (21 août de la même année), le 9e arrondissement ayant été divisé en deux circonscriptions, il se représenta dans la première, et fut élu par 4 927 voix (5 866 votants), sans concurrent. D'opinions et de caractère indépendants, M. Anatole de La Forge ne se fit inscrire à aucun groupe parlementaire ; en fait, il vota le plus souvent avec les radicaux de la Chambre, notamment pour la liberté de la presse, de réunion, etc. Il demanda la publicité des séances du conseil municipal de Paris, et se montra partisan (novembre 1883) de la création d'un maire de Paris, dont les attributions auraient été réduites, comme celles du maire de Lyon ; cette proposition, soutenue par M. Floquet et par M. Spuller, et combattue par M. Waldeck-Rousseau, ministre de l'Intérieur, fut rejetée à 277 voix contre 201. M. de La Forge opina à la même époque en faveur de la révision intégrale de la Constitution, tout en refusant de s'embrigader dans la Ligue révisionniste dont le chet était M. Clemenceau. En août 1884, il fut du petit nombre des députés qui refusèrent d'aller à Versailles pour prendre part aux séances du Congrès, ne lui reconnaissant pas le droit de procéder à une révision limitée de la Constitution. Après la mort de Victor Hugo, il prit l'initiative de la motion tendant à déposer le corps du poète au Panthéon. Enfin il vota contre la politique coloniale et rejeta les crédits du Tonkin.

En dehors de la politique pure, M. Anatole de La Forge, que sa bravoure personnelle et son patriotisme éprouvé rendaient sympathique à tous les partis, avait été en mainte occasion investi par ses collègues d'une sorte de magistrature d'honneur, et s'était fait, dans les différends et dans les duels survenus entre des membres du parlement ou de la presse, une situation spéciale d'arbitre. En 1885, son nom ayant été mis en avant pour la présidence de la République, il déclina toute candidature.

Inscrit, le 4 octobre 1885, sur plusieurs listes républicaines et radicales dans le département de la Seine, il fut un des quatre élus du premier tour de scrutin, le 3e sur 38 députés à nommer, par 222 334 voix (434 011 votants, 564 338 inscrits). La majorité de la Chambre nouvelle le désigna comme l'un des vice-présidents. M. Anatole de La Forge continua d'opiner le plus souvent avec l'extrême gauche, fut l'adversaire des ministères Rouvier et Tirard, vota contre l'expulsion des princes (juin 1886), soutint octobre 1888) les réclamations du Syndicat de la presse contre les questeurs de la Chambre, et donna à cette occasion sa démission de vice-président, qu'il refusa de retirer. Il se prononça énergiquement contre l'attitude du général Boulanger, quitta la Ligue des patriotes, lorsque celle-ci eut adhéré au « boulangisme », soutint le cabinet Floquet, et, en dernier lieu, s'abstint sur le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), et se prononça contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, pour les poursuites contre le général Boulanger.

M. Anatole de La Forge est décoré de la médaille militaire.

On a de lui, outre de nombreux articles insérés dans le Siècle :
- l'Instruction publique en Espagne (1847) ;
- des Vicissitudes politiques de l'Italie dans ses rapports avec la France (1850) ;
- Histoire de la République de Venise sous Manin (1853) ;
- la Peinture contemporaine en France (1856) ;
- l'Autriche devant l'opinion (1859) ;
- la Liberté (1862) ;
- la Pologne devant les Chambres (1863) ;
- Lettres à Mgr Dupanloup à propos de la Pologne (1865), etc.
  
Date de naissance 1 er avril 1820 


Le site des Archives de Paris
Acte de décès en ligne
Paris 17e
6 juin 1892
V4AE 7496 
Acte N°1543 Vue 9/31