13 juillet 2021

Quand le conseil municipal d'une ville garnison saluait la renonciation à la Guerre...

Département des Basses-Pyrénées

Ville de Bayonne

Extrait des registres des délibérations du conseil municipal

Séance du 5 octobre 1928

Le Conseil Municipal réuni sur convocation du 1 er du même mois.

Présents

J.GARAT, Maire, Président ;

Legrand, Morel et Désarménien, adjoints ;

Croste,Desquerre,Escorbiac,Anatol,Lacouture,Labayle,Lamarque,Rectoran,Braun,Darbonnens,Poittrenaud.

Excusés :MM.Berrogain,Salles,Labourdette,Duclerc,Mora,Domecq,Dossat.

 

Le Conseil Municipal


Adresse à Monsieur Briand, Ministre des Affaires Étrangères, ses sincères félicitations à l'occasion de l'événement historique de la renonciation à la Guerre et du recours au règlement amiable des conflits internationaux.

Il estime que le Grand Homme d’État Français, sous les auspices de qui un accord en faveur de la Paix et de la suppression de la Guerre a été accepté par les plus grandes nations du monde, a droit à la reconnaissance de tous les Français comme à celle des hommes de bonne volonté de l'Univers entier.

Signés au registre les Membres présents.

Pour extrait conforme,

Le Maire,

 

Source :AD 64 Bayonne E Dépôt Bayonne 1 D Article 12.

06 juillet 2021

A propos de l’assassinat d’Athanaze Lagardelle le 3 aout 1944 à Anglet

 A propos de l’assassinat d’Athanaze Lagardelle le 3 aout 1944 à Anglet

 Athanaze Lagardelle, né le 23 aout 1876 à Burgaud (Haute-Garonne) a été assassiné à Anglet le 3 aout 1944, sur la route des cinq cantons, face à la propriété Chabat. Retraité des chemins de fer, il travaillait depuis le 17 avril 1944 à la mairie d’Anglet au service des Réfugiés. Le lendemain du crime, le procureur de la République de Bayonne, Emile Roubertie, rendait compte au Procureur général de la Cour d’appel à Bordeaux en ces termes :

« (…) On a un vague signalement des deux agresseurs qui ont été aperçus sur les lieux du crime, possesseurs chacun d’une bicyclette. Ils auraient été vus s'enfuir à toute vitesse dans la direction de Biarritz.

Lagardelle, qui était porteur de 3080 frcs dans son portefeuille, n'a pas été fouillé par les assassins.

Ce crime revêt toutes les apparences d’un assassinat politique, Lagardelle étant classé comme collaborationniste. Il était en outre délégué cantonal au Secrétariat de l'information et à la propagande. Enfin, il avait adhéré à la Milice Française.

J'ai immédiatement ouvert une information du chef d'assassinat et de crime commis pour favoriser le terrorisme, loi du 5 juin 1943 . »

 

LOI n°318  du 5 juin 1943,

réprimant les activités communistes, anarchistes, terroristes ou subversives.

Extraits

Ar.1er._

Il est institué, dans chaque cour d’appel, une section spéciale à laquelle sont déférés les auteurs de toutes

Infractions pénales quelles qu’elles soient, si elles sont commises pour favoriser le terrorisme, le communisme, l’anarchie ou la subversion sociale et nationale ou pour provoquer au soulever un état de rébellion contre l’ordre social légalement établi.

Sont notamment déférés à la section spéciale les membres de toute association de toute entente, quel que soit le nombre de ses membres, établie dans le but de préparer ou de commettre dans une des intentions visées à l’alinéa précédent des crimes et délits contre la sûreté intérieure ou extérieure de l’État ou contre les personnes ou les propriétés.

De même, sera déféré à la section spéciale quiconque aura sciemment favorisé de quelque façon que ce soit, les auteurs de l’une ou plusieurs des infractions prévues au présent article, notamment en leur fournissant des instruments de crime, des moyens de correspondance, de logement, de transport, des titres de ravitaillement, des vivres ou des lieux de résidence.

Art.2_La section spéciale est composée de cinq magistrats dont l’un exerce les fonctions de président.

Ces magistrats sont librement désignés pour la cour d’appel de Paris par arrêté du garde des sceaux, et pour les autres cours d’appel par ordonnance du premier président. (…)

Art.3_Les individus arrêtés en flagrant délit d’infraction prévue à l’article 1 er de la présente loi sont traduits directement et sans instruction préalable devant la section spéciale.

Aucun délai n’est imposé entre la citation de l’inculpé devant la section spéciale et la réunion de celle-ci.

Art.9_les jugements rendus par la section spéciale sont exécutoires immédiatement. Ils valent, le cas échéant, mandat de dépôt ou d’arrêt, et ce quand bien même ils auraient été  frappés d’opposition (…). Ils ne sont susceptibles d’aucun recours au pourvoi en cassation.

Art10._Les peines que prononcera la section spéciale son l’emprisonnement avec ou sans amende ,la réclusion, les travaux forcés à temps ou à perpétuité, la mort sans que la peine appliquée puissent être inférieure à celle prévue par la disposition retenue pour la qualification du fait poursuivi.(…)

Journal officiel de l’État Français _24 juin 1943_page 1714

Complément du blog :Sous l’occupation allemande, Bayonne dépendait  de la Cour d’appel de Bordeaux.

 

Liste de noms publiée par le Front national basco-béarnais en décembre 1943

Athanaze Lagardelle,a été nommément désigné sur une liste de traitres à châtier, publiée en décembre 1943 par le Front national basco-béarnais (zone occupée). Ce document est visible sur Gallica._L'Adour Libre _Page 4_

Le commissaire Poinsot et le couple  Giret, totalisent un nombre impressionnant de victimes. Pierre Napoléon Poinsot sera jugé en juin 1945 à Moulins (Allier) et fusillé _hâtivement ?_le mois suivant à Riom (Puy-de-Dôme ).

Pierre Louis Giret, né à Vieille Saint Girons (Landes) le 29 février 1916, est un militant communiste retourné par Poinsot .Il est à l’origine de l’arrestation de plusieurs dizaines de ses anciens camarades en Sud-Aquitaine. Condamné à mort par contumace à Bordeaux, il parviendra à s’échapper et mourir à Perpignan le 8 aout 1985.

S’agissant des autres noms figurant sur la liste, la plus grande prudence s’impose. Qui accuse qui?Selon quelles preuves ? Par ailleurs, on doit aussi s’interroger sur les noms ne figurant pas sur cette liste. Comment expliquer les absences de quelques figures collaborationnistes dont Lesgourgue, Pialloux  (assassiné le 18 aout 1944)  Bidegaray (tué le 20 décembre 1944 ).

 

Que reprochait le Front national basco-béarnais à Athanaze Lagardelle  ?

     Une appartenance au P.P.F.

     Un cousinage _non démontré_avec Hubert Lagardelle, ancien ministre du travail dans le   gouvernement Pierre Laval.

     D’avoir été chef de gare à Bayonne.

Ce qui semble distinguer Lagardelle des autres collaborationnistes locaux, c’est de porter le même nom qu’une personnalité nationale, favorable au Service du Travail Obligatoire.

 

Le crime commis à Anglet le 3 aout, qui ne sera pas revendiqué , sera éclipsé par la mort violente de Pialloux le 18 aout, puis par le départ des troupes allemandes le 22 aout 1944.

 

Sources

Liste des auxiliaires permanents et temporaires de la mairie d’Anglet, 1944 (Archives municipales d’Anglet - cote 2K178)

Extrait du Cahier des Assurances sociales de 1944 (Archives municipales d’Anglet- Cote 2K178)

 

AD 64 Bayonne 1378W Art 160

L’Adour Libre_https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7620803d

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7620803d/f2.item

   

Pierre Louis Giret
http://www.fusilles-souge.asso.fr/en-savoir-plus-fusilles-souge/appareil-repressif/

Mairie de Perpignan acte de décès N°1459 _Pierre Louis Giret divorcé de Marie-Jeanne Sxxxx

 

Remerciements à

  • Jean Serres pour son travail de recherches sur l'histoire de "Boucau et Tarnos dans la tourmente 1939-1945"
  • L’équipe des Archives municipales d’Anglet

 

Quelques billets du  blog

Gaston Pialloux, une place oubliée au Panthéon bayonnais de la Collaboration (1941-1944)

Un article de Ralph Soupault sur des militants P.P.F de Bayonne-Biarritz  

La cérémonie à la cathédrale de Bayonne à la mémoire de Philippe Henriot  

L’Assaut (1940-1944),hebdomadaire collaborationniste en Aquitaine ,accessible sur Gallica  

À propos de Marcel Bidegaray 1943-1944  

Précisions sur Bayonne sous Vichy et l’occupation : le détour par Agen _Contenu N°1  

01 juillet 2021

Nuit noire sur les archives

Nuit noire sur les archives

  Communiqué de presse

Association des historiens contemporanéistes de l’enseignement Supérieur et de la recherche (AHCESR), 

Association des archivistes français (AAF) 

Association Josette et Maurice Audin (AJMA).

Paris, le 30 juin 2021. 

Le moment est historique pour les archives : pour la première fois en France, une loi ferme l’accès aux archives publiques – si l’on excepte le cas très particulier des armes de destruction massive réglé en 2008 du fait d’obligations internationales.

L’article 19 du projet de loi relatif à la prévention des actes de terrorisme et au renseignement place les services de renseignement hors des exigences républicaines de contrôle démocratique. L’immense majorité de leurs archives devient inaccessible, et ce, sans aucune limite de durée autre que celle que ces mêmes services décideront. Jusqu’ici, au contraire, ces documents devenaient communicables de plein droit aux citoyens au terme de délais allant de cinquante à cent ans.

Au moment même où les services de renseignement – indispensables à notre sécurité nationale – acquièrent un poids qu’ils n’ont sans doute jamais eu en période républicaine, ils se trouvent donc déchargés des contraintes de transparence et de responsabilité qui résultaient de la possibilité d’accéder à leurs archives au terme de délais précisément déterminés par le Parlement.

Toutes les propositions alternatives, pourtant mesurées et raisonnables, ont été rejetées. Le gouvernement porte la responsabilité de ce choix historique grave, ainsi que les administrations actives dans ce dossier, notamment : le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, la Direction des affaires juridiques et la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives du ministère des Armées et le Service interministériel des archives de France du ministère de la Culture.

Ce choix est en contradiction directe avec les annonces publiques du président de la République concernant l’accès aux archives.

Le collectif « Accès aux archives publiques » dénonce aussi les mensonges indignes proférés par la ministre des Armées, Florence Parly, cette nuit au Sénat. La parole politique perd tout sens quand une loi qui prolonge de manière indéfinie les délais d’accès aux archives publiques est qualifiée de « loi d’ouverture », quand des amendements qui proposent des garde-fous sont présentés comme offrant moins de « garanties aux chercheurs », quand la parole d’associations reconnues, respectées et considérées comme les plus représentatives des professions concernées est renvoyée à d’improbables « opinions dissidentes », quand le nombre d’archives concernées est présenté comme marginal alors que les services de renseignement sont exfiltrés hors du droit commun des archives et que de véritables trous noirs historiques sont créés.

Le collectif remercie par ailleurs les sénateurs et sénatrices qui, cette nuit, ont désespérément bataillé pour que cette régression démocratique ne se produise pas, en particulier Esther Benbassa, Nathalie Delattre, Catherine Morin-Desailly, Pierre Laurent, Pierre Ouzoulias et Jean-Pierre Sueur, ainsi que le président de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, Laurent Lafon.

Il les appelle à saisir le Conseil constitutionnel au terme du processus parlementaire, en même temps qu’il appelle l’ensemble des historiens et des archivistes, ainsi que les citoyens, à manifester, une fois encore, leur désaccord avec ce texte qui devrait définitivement être adopté dans la seconde quinzaine du mois de juillet.

 Source:https://www.aphg.fr/Nuit-noire-sur-les-archives


23 juin 2021

"Les funérailles émouvantes du général de division Camille Lévi"

Le général Camille Lévi est mort à Bayonne le 25 aout 1933.Le Courrier de Bayonne ,Biarritz et du Pays Basque dans sa livraison du lundi 28 aout 1933 rapporte en première page « Les Funérailles émouvantes du Général de Division Camille Lévi ».

« Je regrette vivement que le stupide accident dont je suis la victime m’empêche d’aller à Bayonne rendre les derniers devoirs à ce bon serviteur du pays. »

Maréchal Franchet d’Esperey

La population de Bayonne a fait, hier matin, d’imposantes obsèques au valeureux soldat et au grand Français que fut le Général de division Camille Lévi.

Dès neuf heures quinze, la foule se pressait à la maison mortuaire ,6,rue Argenterie et exprimait ses sympathies attristées à Mme la Générale Lévi, à ses enfants :M. Albert Lévi et Mme Jacqueline Lévi ;à Mme Paul Reithler, sœur du défunt, à Paul Reithler, à M. le Colonel et Mme Ulmo, à M.et Mme Salmon, à M.et Mme Jacques Ulmo.

A dix heures précises, le cortège se formait et M. le Grand rabbin Ginsburger procédait à la levée du corps.

L’épée et le képi du Général Lévi avaient été déposés sur le cercueil, ainsi que des palmes offertes par l’Union Nationale des Combattants et la Société de la Légion d’Honneur.

Immédiatement derrière le char funèbre s’avançait un sous-officier porteur d’un coussin, sur lequel avaient été épinglées les décorations du glorieux défunt, puis le fanion des « Diables Bleus ».Une importante délégation était conduite par M. le lieutenant -colonel de Chomereau, chef d’Etat-major de la 36e division, MM. les Commandants de Marignan et Fusilier-Lasserre.

Le deuil était conduit par M.Albert Lévi, M.le Colonel Ulmo, M.Paul Reithler, M.Salmon et un groupe d’amis de la famille.

Parmi l’innombrable assistance nous avons noté :

MM.Simonet, Lacouture et Weiller, adjoints au Maire ;

Le Barillier, ancien Sénateur, Maire d’Anglet ;

Docteurs Iribarne et Goyenèche, conseillers généraux ;

Béhotéguy, président du Conseil d’arrondissement ;

Le Roy, vice-président de la Chambre de Commerce ;

Le peintre José G.de la Pena ;

Rincheval, directeur de la Banque de France ;

Parodi, ancien directeur ;

Lamarque , avocat, ancien bâtonnier ;

Rousset, Petit , Pinatel, J.Simonet, avocats au barreau de Bayonne ;

Alfred Camdessus, Rédacteur en chef du « Courrier « ;

Audibert, Pradal, Labourdique, conseillers municipaux ;

MM.Darmaillacq, président du Tribunal de Saint-Palais ;

Docteur Voulgre ;

Albert, directeur des Douanes ;

Salvador, Bonnecarrère ;

Henri Dordezon, président de la Fédération des Victimes de la Guerre ;

Roumier, président des Mutilés de Biarritz ;

G.de Vasserot, président des Croix de Feu ;

Ramond, président de l’Union des Combattants ;

Goalard, pilote-major de la Barre ;

De Croizeuil, président de l’Aéro-Club Basque ;

Colonel Campagne ;

Lieutenants-colonels Allard, Mesqui , Delaplane, Gouron, Duvot, Boitel, de Violé, Dousdebès ;

Commandants Duchen,Irigaray, Royère, Pereyre , Lavigne, Mégnou, Boissel, Feuillet, Molin, Bertier, Rageau, Vadot ;

MM. Maurice Labrouche, St-Vanne,A.Larrieu,Léon Marie,Cazaus ;

Gibert, commissaire central ;

Bloch, Jicot, Joé Naquet ;

Cossid,Tausières, Claverie,Laplace,Baumann,Lambert ;

H.P.Joinaud ;

Cazalis,Anatol ;

Capitaines Morachini,Izenic,Miremont ;

M.Seguin,H.Salzédo,Hargous,Posso,Dané,Soulard ;

Lascabes, président des Anciens de la Rhénanie ;

Seignouret, Léglise, Casedevant, Léon Dupuy, de Roxas, Jourda, Rigal,  Artigou, Sens, Artéon, Gemain, Docteur  Gorostidi , Ricaud, Urtasun , Burguette , Docteur Delbarre,Despons,Appeceix,Milliaud,Puchulu,Gommez-Vaez,Anabitarte,de Fontclair , Chadourne, Baron Portalis, Ninous, Abraham,Taburet Danjou de la Garenne,Mongrand,etc…

 

Au cimetière israélite de St Etienne,M.le Grand rabbin Ginsburger récite les prières mortuaires.

Puis le Général Détrie, M.Saillard, président de la section des « Diables Bleus »,M.Garat, député-maire et M.Ginsburger retracent avec éloquence la magnifique carrière du Général Lévi.

Discours de M.le Général Détrie

 « Je viens d’apporter au Général de Division Camille Lévi, enlevé de façon si foudroyante à notre déférente affection, l’hommage profondément ému et douloureux de l’Armée, et renouveler à Madame Lévi, à ses enfants, à toute sa famille l’expression de nos plus vives condoléances.

L’Armée gardait fidèlement le souvenir de ce Chef, incarnation vivante des plus belles vertus militaires. Elle l’aimait pour tout ce qui émanait de lui, de haut patriotisme, de foi militaire et de droiture. Elle admirait, au même point, son noble caractère, ses services et l’exemple d’énergie et de travail qu’il continuait à donner aux jeunes générations.

Elle était fière de ce fils de l’Alsace, si complètement représentatif de sa petite patrie. Dans l’œil clair et si vif du Général, comme dans sa parole et sa plume, tout disait, en effet, la fierté d’une race habituée à se redresser dans l’infortune et l’épreuve, son indépendance et sa vivacité d’esprit, son élan de franchise nette et directe, sa volonté constante de réalisation.

Dans une nature d’une telle richesse et si pleine de sensibilité, l’arrachement total de nos Provinces qui termina le drame de 1870-1871, ne pouvait manquer d’éveiller une résonance profonde.

Son enfance, puis sa jeunesse en furent ainsi marquées, pour toujours. La douleur détermina chez l’adolescent, une réaction admirable d’amour pour la petite comme pour la Grande Patrie, qu’il ne sépara jamais l’une de l’autre, et, dans ce double sentiment de douleur et d’amour, il se donna à l’Armée. Un rêve, un grand rêve, le même que tous les soldats de ma génération avaient fait, l’animait et l’exaltait : « Ramener, un jour, ses frères alsaciens, reprendre leurs places vides au Foyer Français ».

Travailler inlassablement, studieusement pour que ce rêve devint une réalité, se préparer à la Grande Épreuve que son caractère réaliste voyait venir, voilà ce que l’examen de tous ses titres, de ses travaux et de ses études ne cessent de proclamer. C’est cette noble attitude qui donne à toute sa vie cette unité remarquable par quoi elle se caractérise.

Aussi, quand l’heure H, sonne, elle, allez le trouve prêt moralement et physiquement et, comme il arrive à ceux qui sont sûrs de leur bon droit, et connaissent les vertus de notre race, confiant dans les destinées de la Patrie. Il s'affirme dès le Baptême du feu, avec son magnifique 110e Régiment d'Infanterie. Bientôt, il est à la tête de la 4e Brigade d'Infanterie, qu'il quitte pour commander successivement la 25e Division d'Infanterie, puis la 46e Division de Chasseurs à pied.

Ses superbes citations soulignent remarquablement ses qualités militaires faites d'intelligence, de savoir, de vigueur, et _illisible_ l'ascendant qu'il exerçait sur ses Unités et qui lui permettait de leur demander de splendides efforts.

Il sert sur le front français, puis sur le front italien.

A la fin de la guerre, il est Gouverneur de Dunkerque, cette place qu'il connaissait si bien et à laquelle il a consacré tant de fructueuses et solides méditations.

Puis viennent l'armistice et, en 1921, le passage dans le cadre de réserve. C’'est l'heure de la détente pour beaucoup. Mais pas pour lui, car il était de ceux qui pensent que l'on n’a jamais fini de servir, ni de donner l'exemple.

L’exemple, il devait le donner jusqu'au bout, dans la plénitude de la vigueur intellectuelle et physique. C’est que demeurait en lui, à un haut degré, ce que nous appelons dans l'Armée 3Le Feu Sacré », vertu dans le sens romain, du mot vertu, du Chef qui, seule lui permet de réaliser avec tous les cœurs, toutes les volontés et toutes les intelligences à lui confiés, cette fusion de tous dans Un, si nettement traduite dans ce terme militaire « d’unité ».

Feu sacré, ardente passion de notre métier de serviteur du Pays, qui ne reconnait là la dominante de la haute personnalité du Général Camille Levi, et l’enseignement suprême qu’il nous lègue ?

Recueillions-le-pieusement !

Et vous, Mon Général, après une telle vie, tout entière consacrée au Devoir, et au Travail, dormez en paix ! Ici, dans ce Bayonne qui vous avait adopté comme un de ses meilleurs fils, notre respect et notre affection en deuil continueront la veillée autour de votre nom… »

 

Discours de M.Saillard

M.Saillard vient s'incliner avec respect devant le cercueil de celui qui fut le grand ami des « Diables Bleus » et leur premier président d’honneur.

Il évoque les mérites du Général Levi qui avait les qualités du véritable chef. Il commanda une division de chasseurs toujours à la peine. Il fut pour ses soldats non seulement un chef mais un véritable ami. Aussi sa disparition sera-t-elle durement ressentie.

M.Saillard souligne l’immense générosité du chef et de l'ami qui pleurent les « Diables Bleus ».

Que d'infortunes n’a -t- il pas secourues ? Que de services n'a-t-elle pas rendus ?

Avec le général Levi disparaît un de ceux qui, comme Pétain et Gouraud ont eu l’honneur de commander les chasseurs. Ceux-ci conserveront son souvenir. En ce jour de deuil, ils prennent part à l’affliction des siens.

Discours de M.Garat

Le Maire de Bayonne tient à saluer la dépouille mortelle du chef qui illustra notre armée et notre ville. Il rappelle les immenses services qu'il a rendus au pays et à l'activité, dont il n’a cessé de faire preuve même durant sa retraite. Sa vie est un symbole de la servitude et de la grandeur militaires, dans ce qu'elles ont de plus élevé.

Ses travaux ont fait autorité, surtout ceux qui concernent la défense du nord de la France .M.Garat tient à associer dans le même hommage la mémoire de trois grands soldats, qui ont honoré Bayonne : le Général Derrécagaix, l'Intendant Général Lacrambe et le général Camille Levi. Le Maire ne saurait oublier que le général Camille Lévi avait consenti à faire partie de la commission de la bibliothèque municipale et qu'il s'intéressait à la vie de la cité. Il adresse, enfin les condoléances de la municipalité bayonnaise à la veuve et aux enfants de celui dont la vie est un enseignement pour tous ceux qui remplissent des fonctions publiques.

Discours de M.Ginsburger

M.le Grand-Rabbin Ginsburger tient à s'associer aux légitimes éloges qu'on fait du général Levi, le chef de l'Armée, le Maire de Bayonne et le Président de l'Amicale des « Diables Bleus ».Il rend, à son tour, hommage aux mérites, aux  vertus civiques et militaires, aux qualités de cœur ses soldats appelaient «  papa ».

Il évoque cette vie entièrement consacrée au service de la France.Il parle surtout de la jeunesse de l'Alsacien qui rêva de ramener à la mère patrie les deux provinces qui lui avaient été arrachées.

Il rappelle les liens d'amitié qui unirent le général Bourbaki au Général Camille Lévi. Le glorieux chef de 1870-71 assista au mariage de son cadet, célébré à Bayonne, il y a une quarantaine d'années. Ils vont dormir leur sommeil de gloire tout près l'un de l'autre._1_

Il exalte les vertus de cette race alsacienne dans le Général Lévi était le fils exemplaire.

Après ces  beaux discours a lieu l'inhumation.

La foule recueillie défile une  dernière fois, devant le cercueil du valeureux soldats et exprime à sa famille ses condoléances émues.

« Le Courrier » renouvelle à Mme la générale Lévi et à tous les siens l'assurance de sa douloureuse sympathie.

P.L.

Sources:

Médiathèque de Bayonne,site patrimoine,catalogue,Le Courrier de Bayonne ,Biarritz et du Pays Basque en ligne,lundi 28 aout 1933_Soyez très patient,l'accès à l'année puis au mois, nécessite plusieurs secondes en dépit d'une connexion rapide par fibre .

https://mediatheque.bayonne.fr/bayonne/DAM/Player.csp?damkey=B641026201_J20l_19330828&language=fre 

Pour aller plus loin

_1_Les cimetières Saint-Étienne et juif de Bayonne sont situés de part et d'autre de l'avenue du 14 avril 1814.Le général Bourbaki repose cimetière Saint-Étienne (L.08-N.001)
 

Sur e-ArchivesAD64 ,l'acte de mariage du 7 juin 1892 à Bayonne entre le capitaine Camille Baruch Lévi et Eva Emma Léa Bernal.


Dossier Légion d'Honneur de Lévi Camille Baruch_https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr

Camille Lévi  écrivain militaire_BnF data

 

Une intervention imaginaire auprès du Maréchal Pétain entre 1940-1944

Une histoire inventée circule, selon laquelle le général Camille Lévi serait intervenu auprès du Maréchal Pétain à Vichy à propos du sort des juifs de Bayonne pendant la Seconde Guerre mondiale.   

Jean Crouzet relaie cette fiction:

"Notons à ce propos,que si de nombreuses communautés juives même hispano-portugaises comme celles de Bordeaux ont été raflées et déportées,celle de Bayonne a simplement été évacuée.Si des membres de cette communauté ayant gagné des régions du midi (Carpentras,Marseille etc) ont par la suite été déportés,ceux qui qui sont restés dans le département n'ont subi qu'un minimum de brimades et de contraintes.

On s'est beaucoup interrogé dans la communauté sur cette mansuétude relative dont on ignore l'origine.Sans doute,l'intervention du général Camille Lévi,ami personnel du Maréchal a-t-elle pesée dans la décision.(...)"

Page 57
Les Francs-Maçons Bayonnais sous l'occupation et dans la résistance
2004,Éditions Gascogne,Orthez
ISBN 2-914444-17-6