19 mars 2017

Algérie :Émigration d'ouvriers cultivateurs.

Algérie._Émigration d'ouvriers cultivateurs.


Pau,le 21 février 1845.

L'orthographe de l'époque a été respectée.

Le Maître des Requêtes au Conseil d’État,Préfet des Basses-Pyrénées,Officier de l'Ordre Royal de la Légion-d'Honneur,




À Messieurs les maires du département.


Monsieur  le maire,


M. le Ministre de l’intérieur m’écrit que l’émigration, en Algérie, amène dans cette colonie un grand nombre d’ouvriers appartenant aux professions les plus usuelles ; que le Directeur de l’intérieur, à Alger, fait remarquer que les cultivateurs comptent, parmi les émigrans,pour un chiffre qui n’est nullement en rapport avec les besoins du pays ; que le manque de bras est un obstacle sérieux au développement de la culture des terres, et qu’il résulte de cet état de choses que beaucoup de propriétaires ne peuvent trouver ni fermiers, ni garçons de labour, ni ouvriers de culture, ce qui les oblige à employer des personnes inexpérimentées, d’où il résulte, pour eux, une grande perte de temps, une augmentation de dépenses et de faibles produits.

M.le Ministre ajoute que dans telles circonstances par suite de l’extension donnée à l'industrie agricole, les cultivateurs célibataires, ceux qui sont mariés, mais n’ayant qu’un ou deux enfans en bas âge, trouveront immédiatement, en Algérie, de l’emploi et des moyens d’existence assurés. Que, quant aux émigrans qui ont un plus grand nombre d’enfans, il est nécessaire  qu’ils possèdent quelques ressources pécuniaires pour subvenir à l’existence de leur famille, dans le cas où ils ne pourraient se placer aussitôt après leur arrivée dans la colonie.

Vous le voyez, il y aurait un intérêt réel pour les ouvriers cultivateurs qui ne peuvent se procurer chez eux des ressources suffisantes pour vivre, à se rendre en Algérie où le prix de la main-d’œuvre est naturellement plus élevé.

Toutefois, en donnant à ces faits le  plus de publicité possible, vous ne perdrez pas de vue, Monsieur le Maire, que l'administration ne doit accepter que les individus qui offrent toutes les garanties de santé de moralité nécessaires pour être utilement employés en Afrique.

Je crois devoir vous rappeler ici qu’aucune demande de passage gratuit ne peut être adressée à M.le Ministre de la guerre que par mon intermédiaire ; que celles-ci seront formées par des individus ayant leur domicile dans l’arrondissement de Pau,me seront envoyées par vos soins, et  les autres par le Sous-Préfet de l’arrondissement où les pétitionnaires auront leur domicile ; que chaque pétition sera appuyée de certificats scrupuleusement en règle, délivrés par les Maires et des Médecins, visé par les Sous-préfets, et constatant que les demandes sont faites par et pour des gens valides, d'un âge à pouvoir encore travailler pendant plusieurs années, d’une bonne constitution et, s’ils ne sont pas célibataires qui n’ont pas plus d’un ou deux enfants en bas âge.

Vous préviendrez ceux de vos administrés  qui seraient  dans l’intention de solliciter un permis de passage gratuit en Algérie, qu’ils ne devront se mettre en route que lorsque le permis d’embarquement lorrain leur  aura été remis.

Agréer, Monsieur le maire, l’assurance de ma considération distinguée.


Pour le préfet et par délégation, conseiller de préfecture,

B.MONDIET

Le Conseiller de Préfecture,Secrétaire-général,
POMAREDE.


Source:
Année 1845
Recueil des actes administratifs du département des Basses-Pyrénées.
Collection particulière.