15 novembre 2024

Fausse veuve à Ascain

Une lettre du maire d'Ascain à un juge du tribunal de Bayonne

Ascain,29 décembre 1939

Monsieur le juge

(…)

Il s’agit d’un cas d’état-civil :

Le 1 novembre décédait à Ascain M.Bassement Daniel qui habitait la commune depuis quelques mois avec une infirmière qui, aux yeux de tous, passait pour son épouse. La chose était d’autant plus vraisemblable que les parents du malade sont venus assister aux derniers jours de la maladie, au décès, aux obsèques célébrées à Ascain à l’église paroissial. Le corps a été ensuite ramené à Lille dans un fourgon des pompes funèbres où avaient pris place la mère et l’épouse présumée.

Après le décès, nous avons demandé le livret de famille pour la rédaction de l'acte d'état civil .Il nous a été répondu que le livret avait été égaré et on nous a remis seulement un livret militaire. Pour le surplus de détails ?Mme Bassement mère m’a donné  les renseignements nécessaires, entr’ autres que le décédé était marié à une demoiselle Marie Bxxx dont elle a précisé l'âge et le lieu de naissance. Par ailleurs les mêmes renseignements inexacts ont été donnés à la gendarmerie de Bayonne pour l'établissement des saufs conduits nécessaires pour pénétrer à Lille, zone des armées.

L'état civil mentionne donc que le défunt était marié à Bxxx  Marie, suivant ces renseignements verbaux qui me paraissaient indiscutables, étant donnés par la mère.

Voici maintenant les complications qui surgissent :il y a quelques semaines un pharmacien de Lille, écrivait à mon secrétaire pour avoir une expédition sur papier libre de l'acte de décès de M.Bassement .Cette pièce a été aussitôt envoyée.

Hier matin ,28, mon secrétaire recevait une lettre de la véritable épouse de M.Bassement, manifestant, à juste titre son étonnement d'avoir lu la mention d'une autre épouse qu'elle-même : elle joignait à cette lettre une copie de son acte de mariage : aucune mention  marginale n’y figurait, j'en ai conclu que le mariage n'avait pas été dissous par le divorce, et que, par conséquent, elle était toujours l'épouse légitime (…).

J’ai convoqué  immédiatement la fausse veuve, qui m'a avoué qu'elle n'était pas mariée et que l'action en divorce avait été éteinte par le décès de M.Bassement , alors qu'elle était sur le point d'aboutir.

La veuve demande une rectification et l'envoi d'une copie de l'acte ainsi rectifié. Que dois-je faire ?Ma bonne foi est certaine et nul ne peut me faire un grief  d'avoir été induit en erreur. Ce qui m’ennuie  c'est que la copie de l'acte inexact est entre les mains de la véritable Mme Bassement qui pourrait peut-être en faire un mauvais usage…

Jje vous prie de donner votre avis à mon secrétaire. Veuillez excuser cette trop longue lettre : mais j'ai tenu à vous exposer les faits de la façon la plus claire .

Recevez, mes meilleures salutations.

Pierre Pinatel

Maire d’Ascain.



Source:
Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64)
39 avenue Duvergier de Hauranne
64100 Bayonne

3U 1 Article 316 Tribunal de Première Instance de Bayonne

 

08 novembre 2024

Monument à la Gloire du 18e

Monument à la Gloire du 18e

Inauguré à Pau le 26 octobre 1925

Une dame américaine, Miss Alice Linzée Cushing, habitant à Pau, a  offert à la ville un monument élevé à la gloire du 18e R.I., régiment qui, au XVIIIe  siècle, pris part à la guerre de l'Indépendance des États-Unis et se fit remarquer ,en particulier ,à la bataille de York-Town  (octobre 1781). L’inauguration de ce monument eut lieu  le 26 octobre 1925 et donna lieu à une grandiose manifestation.

Le matin à l'église St-Martin, au Temple protestant et à la Synagogue ,des services religieux furent célébrés à la mémoire des soldats des 18e et 218e R.I.  tombés au champ d'honneur pendant la guerre. L'église St-Martin, pourtant immense, était comble. L’Office y fut célébré par l'abbé capitaine Daguzan  et Monsieur le chanoine St-Pierre (1),ancien  sergent du 18e ,dans un discours saisissant d'émotions glorifia l ‘âme  du 18e..

(1)    Sacré Evêque de Carthage en 1930.


Au Temple et à la Synagogue, on a aussi évoqué, en termes magnifiques l'épopée de la guerre.
Le monument érigé sur la place de Verdun, face aux Pyrénées, s'élève sur un socle de granit blanc. Un officier debout regarde l'ennemi, l'indique à ses hommes que représentent deux soldats armés l'un d’un fusil avec sa baïonnette menaçante, l'autre brandissant une grenade. Ce groupe évoque bien l'union intime qui, au cours de toute la guerre, a existé entre l'officier et ses hommes.

Dans la tribune officielle, toutes les personnalités civiles et militaires de Pau se sont regroupées autour de Miss Cushing. Il y a en outre le colonel Mott, attaché militaire à l’ambassade des États-Unis, les généraux Hirschauer, d’Armau de Pouydraguin, tous deux anciens commandants de la 36 e Division, Decherf, ancien du 18e R.I. ,de Belenet, représentant le général commandant le 18 e Corps d’Armée, M.Mac-Williams, vice-consul des États-Unis, le colonel Gloxin ,ancien commandant du 18e R.I.. Au pied du monument, les drapeaux des différentes Sociétés sont groupés sur un rang.

A 10h30, le glorieux drapeau du 18e ,dont les lambeaux  flottent au vent, encadré par la musique et par deux compagnies du 18e vient, sous une pluie battante ,se placer face au monument.

Après le salut au Drapeau, le Président de l'Amicale des 18e et  218e R.I.,M.Louis Sallenave, dans un discours puissant et poignant d'émotion, remercie Miss Cushing et offre   le monument à la ville de Pau.

Ayant célébré les vertus de ceux qui, de York-Town à la Marne ,suivirent la tradition  séculaire du Soldat de France, il dit en particulier :

…. » et mon émotion est grande de voir à cette heure, comme un vivifiant  symbole, massés  au pied de ce monument, à côté de la Femme français , dont la guerre a dit l'énergie et le dévouement inlassables ,les vénérés soldats de l’Année Terrible, ceux  de la Grande Épopée, précédés des martyrs mutilés et fiers de leur  douloureux sacrifice, ceux  d'aujourd'hui pleins des exemples de leurs aînés, cette jeunesse adolescente fleurie  dans le frémissement des armes ,et ces enfants adorables, lumineuse aurore après le crépuscule sanglant.

Ambiance douce, comme celle d'un temple, ambiance sacrée puisque là, des pères, des mères, des épouses ont voulu braver la douleur intarissable des souvenirs pour que flotte autour de nous l'âme de nos vaillants camarades disparus dont je salue bien bas la mémoire chérie… »

Et il termine ainsi :

« Car ils sont là les soldats de Marbais-la-Tour, de Marchais-en-Brie, de la Ville-aux-Bois, de Verdun , de la Somme, de Craonne et de Laffaux, et, devant eux, leurs chefs venus de très loin leur apporter le témoignage touchant de leur affection.

Et qui d’entre nous aujourd’hui ne revit pas le songe affreux, ces quatre années de misères, d'espoirs, de déceptions et d'enthousiasmes : le grand baptême de Charleroi, la déprimante retraite, la Marne victorieuse, l’Aisne sanglante, Douamont effroyable, l’assaut de Californie, « position jugée inexpugnable » enlevée en vingt minutes, la résistance désespérée de Montdidier, l’offensive de  la délivrance, l'armistice ?

« Élite », disaient nos généraux, dans les citations qui illustrent nos parchemins de gloire , »Élite », je ne sais, mais qu’il me soit permis de proclamer  bien haut, à vous, Messieurs, qui fûtes nos chefs aimés ;nous avons voulu simplement être dignes de vous, dignes de votre sollicitude et de vos vertus militaires .

Enfin, Mademoiselle, nous avons pu tout à l'heure éprouver une bien douce et bien réconfortante joie. Grâce à vous, il nous a été donné de revoir ensemble, coude à coude, cette relique sublime, cette loque meurtrie comme notre chair, diminuée comme notre jeunesse ardente, ce drapeau admirable dans les plis duquel s’attache tout notre passé.

Un jour, il nous quittera pour rejoindre sous la coupole dorée des Invalides, les autres étendards de l’Histoire. Et  il fanera  au cours des ans, notre drapeau bien-aimé, à moins que, pour ne pas qu'il meure, les Anciens qui seront là-haut ne viennent le prendre et ne l'emportent avec eux vers des cieux sereins et immortels.

(1)    Le vieux drapeau du 18e R.I. a été envoyée aux Invalides en septembre 1927, et a été remplacé par un drapeau neuf à la même époque.

 

Le Maire de Pau, M.d’Iriart d’Etchepare, prend acte de cette remise et remercie le Président de l'Amicale et ses collègues du zèle et  du dévouement qu'ils ont apportés à l'organisation de cette cérémonie.

Le général Hirschauer,,prend à son tour la parole au nom des généraux ayant eu le 18 e R.I.  sous leurs ordres. Après avoir remercié l'Amicale et Miss Cushing ,il évoque, en maître, l'épopée du 18e R.I. à la bataille de York-Town et pendant la guerre. Très applaudi pendant tout son discours, le général est l'objet d'une véritable ovation en quittant la tribune.

Aussitôt après, le colonel Mott, attaché militaire des États-Unis, représentant son ambassadeur M.Myron T.Herrick, remet au colonel Duplantier ,commandant le 18e R.I. un magnifique drapeau brodé par l'Association des Filles de la Révolution Américaine de Philadelphie qui ont ajouté aux noms de Rivoli,Austerlitz, La Moskova, Sébastopol celui de « York-Town » et dans une brillante allocution remercie le 18 R.I.

Cette émouvante cérémonie se termine par un banquet de plus de trois cents convives, dans le  cadre magnifique du Palmarium où de nouveaux  discours sont prononcés. 

Source:

Le 18e 1914-1918
Achevé d'imprimer sur les presses de Marrimpouey Jeune en Mai 1936,le Comité de Rédaction étant présidé par le Commandant Louis Lespinasse.
Imprimerie Marrimpouey Jeune,place du Palais,Pau.
Collection particulière

Billet du blog consacré à madame Bentley-Mott Georgette,conseillère municipale d'Anglet du 27 juin 1941 au 15 avril 1942 et à son époux le colonel T.Bentley MOTT,

01 novembre 2024

Recherche des effets d’artillerie enlevés des magasins militaires

 Recherche des effets d’artillerie enlevés des magasins militaires

 

Pau, le 9 février 1816

 

A MM. Les Sous-préfets et Maires du département.

L’orthographe de l’époque a été respectée

 

Messieurs,

Le Gouvernement est informé que des particuliers ont acheté des effets d'artillerie enlevés des magasins militaires. On a lieu  de penser que la plûpart de ceux qui ont fait ces acquisitions y ont été portés non par les motifs d'une coupable avidité, mais  par le désir de conserver à leur pays des objets utiles qui eussent pu être détruits  ou conduits hors de France.

Il importe de retirer des mains des détenteurs les effets qui peuvent être utiles, tels que bois de construction, armes projectiles, machines et instrumens à l'usage de l'artillerie et tous les autres objets de même nature.

En conséquence, S.Exc. le Ministre de la guerre a invité MM. les Directeurs et Commandans d'artillerie, à faire, de concert avec les autorités civiles, des recherches à l’effet de connaître les détenteurs de ces objets ; ces officiers sont autorisés  à assurer aux acquéreurs de  bonne foi , le remboursement de leurs déboursés, et 10 pour cent en sus, à titre d'indemnité, payables sur les fonds qui sont faits par le Ministre de la guerre.

Je vous invite, Messieurs, à coopérer de tous vos moyens à la recherche des pièces et effets d’artillerie. J’ai lieu de croire que, pénétrés de l’importance du recouvrement de ces objets ,vous seconderez de tout votre pouvoir MM. Les Officiers d’artillerie chargés particulièrement de cette opération, et qu’il existera entre eux et vous, un accord complet de mesures et de soins.

Recevez, Messieurs, l’assurance de ma considération distinguée.

D’ARGOUT

 

Certifié conforme :

Le secrétaire-général de Préfecture,

Daguette

 

Source:

Recueil des actes de la préfecture des Basses-Pyrénées
N°13
1816
Collection particulière

26 octobre 2024

Un des magistrats de la section spéciale de la Cour d'appel de Paris du 27 aout 1941 était natif de Bedous (Basses-Pyrénées)

21 août 1941_ Assassinat d'un militaire allemand à la station de métro Barbès - Rochechouart.L'arme empruntée par Jacques d'Andurain appartenait à Marga d’Andurain, née Jeanne Amélie Marguerite Clérisse le au 25 de la rue Victor Hugo à Bayonne.

23 août 1941_Parution au journal officiel de la loi ,antidatée au 14 août 1941,instituant les sections spéciales qui peuvent "juger " rétroactivement dans la limite de dix ans.

28 août 1941_Abraham Trzebuscki,Émile Jean Marie Bastard et André Francis Brechet sont guillotinés dans la cour de la prison de la Santé à Paris.Ils ont été condamnés à mort ,la veille par la section spéciale de la Cour d'appel de Paris.Parmi les magistrats qui ont siégé,on trouve Paul Raymond Larricq né le 21 janvier 1877 à Bedous,petite commune de la vallée d'Aspe dans les Basses-Pyrénées.

5-9 juin 1945 les magistrats de la section spéciale comparaissent devant la Cour de justice.

 

GALLICA_L’Aurore ,6 juin 1945

Forfaiture

LA CONDAMNATION D’INNOCENTS est toujours un crime

Les 5 magistrats de la section spéciale devant la Cour de justice

Pour sauver 150 otages désignés à la mort, des magistrats avaient ils le droit de condamner trois communistes à la peine capitale ?

C’est la question à laquelle, tour à tour, chacun des accusés qui comparurent hier devant la Cour de Justice voudront nous persuader qu’il faut répondre par l’affirmative.de condamner 3 communistes à la peine capitale

Mais nous aurons beau à cinq reprises tenter de revivre avec ceux qui nous les racontent ces tragiques journées des 26 et 27 août 1941 pendant lesquelles dira l’ex avocat général Guyonnot « j’étais comme un somnambule à travers un cauchemar » pas un instant nous ne pourrons admettre qu’un français digne de ce nom ait pu s’arroger le droit de choisir entre les proies humaines exigées par le Minotaure Nazi.

De quelle puissance divine faut-il se croire investi pour disposer d’une vie dont on détient la responsabilité sous prétexte qu’elle en sauverait des quantités d’autres ?

Nous serions curieux en cette matière de savoir comment jugera le prêtre qui siège parmi les jurés.

Des circonstances atténuantes, peut-être en trouverons-nous à certains de ces hommes qui n’ont qu’un passé d’honneur et de droiture mais personne humainement ne pourra les absoudre.

Les origines du drame

Tout le monde déjà connaît l’histoire. Le 21 août 1941, un Allemand est tué. L’occupant, pour venger ce meurtre exige le sacrifice de 50 puis de 150 otages ou l’institution d’un nouveau tribunal qui condamnera à mort six communistes.

C’est l’affolement dans le personnel judiciaire, l’appel à tous les magistrats qu’on peut joindre pendant cette période de vacances la rédaction hâtive d’une loi déjà élaborée par Pucheu, et qui dotée de rétroactivité permettra d’appliquer la peine capitale pour des menées communistes, passibles seulement jusque-là de 5 ans de travaux forcés au maximum, enfin la constitution de la Section Spéciale chargée de l’appliquer et les trois condamnations à mort dont voudront bien se contenter les nazis généreux.

Les coupables

Et nous avons vu hier les accusés, la Section Spéciale, composée moins un membre, comme ce jour tragique du 27 août 1941, où unanimement à l'exception de M.Linais  qui bénéficiant d'un non-lieu , ne sera  entendu que comme témoin, elle envoya au peloton d’exécution  trois communistes, que le respect des principes juridiques les plus élémentaire empêchait  en tout état de cause de condamner à d'autres peines que celles prévues au moment des faits qui leur étaient reprochés  c'est-à-dire au maximum cinq ans de prison.

Michel Benon qui présida et Léon Guyonnot qui requéra sont certainement les plus coupables.

C’est au premier que le président Pailhet donnera d'abord la parole.

Juge d’instruction à Paris avant de devenir vice-président, puis, après le 27 août, président de Chambre à la Cour de Paris, Michel Benon s’est laissé pousser une curieuse barbiche qui n’enlève rien à l’aspect faussement débonnaire de sa physionomie.

Par un de ses avocats, Me Salmon il tenta vainement de prétendre que la Cour de justice est incompétente. Une heure sera ainsi perdue avant d’aborder les faits.

_J'ai toujours été esclave de mes fonctions, déclare-t-il, j'ai été désigné d'office pour présider la section, je n'ai fait qu'accomplir mes obligations professionnelles.

Et, comme le président lui reproche de ne pas avoir averti ses assesseurs des circonstances dans lesquelles ils allaient siéger

_Je n'ai connu la loi prétend-il, que le 26 août au soir, et n’ai donc pu prévenir mes collègues que le matin de l'audience

Ce fait évidemment, servira un peu de circonstances atténuantes aux autres inculpés qui l'invoquent les uns après les autres pour expliquer le désarroi dans lequel les mit l’infâme  chantage brusquement dévoilé.

C’est Robert Baffos surtout qui semble le plus excusable, spécialistes de l'enfance coupable, c’est tout à fait par hasard que ce magistrat de passage à Paris, eut la malencontreuse idée d'aller au Palais chercher son courrier le 25 août. On se jeta sur lui pour compléter la « Section Spéciale ».

Il se soumit à un ordre, et ne connut la réalité des faits qu’au cours d'audience.

_Trop tard, dit-il, pour me dégager .

Mais il refusa catégoriquement de siéger à nouveau et prit carrément la fuite.

On se sent une certaine sympathie pour ce vieillard à la figure poupine très rouge sous ses cheveux blancs, qui a maigri de moitié depuis les faits tragiques dont le souvenir le ronge.

Paul Larricq a perdu son fils, tué au cours de cette guerre, il s’indigne très véhémentement d’être inculpé d'intelligence avec l’ennemi.

_Je n’ai jamais pensé à l'occupant, on nous avait caché la vérité ;en l’apprenant nous avons eu l’esprit troublé, mais c'est avec une grande répugnance que nous avons prononcé la peine capitale.

Et il pleure.

Maurice Cottin est plus calme, mais aussi affirmatif. C’est au début de l'audience seulement qu’il eut connaissance de la loi et des motifs qui en avaient appelé la rédaction.

On en arrive enfin à l’avocat général Guyonnot qui lui ne peut nier avoir appris dès le 26 août tous les détails de l'affaire.

Très éloquent, il ne cesse de mettre en avant l'exécution des 150 otages qu'il voulait éviter (75 d'entre eux devaient être pendus place de la Concorde) mais des trois malheureux fusillés, il ne souffle mot.

La Cour, du reste le suit un peu sur ce point. Elle a fait citer des témoins, on a entendu parler ceux  que nous verrons à la  barre cet après-midi, des magistrats ,des avocats mais des parents ou des amis des victimes, il  ne semble pas être question

Francine Bonitzer

 

 

Pour aller plus loin

Journal officiel de l’État Français 23 août 1941

N°3515 Loi du 14 août 1941 réprimant l’activité communiste ou anarchiste

Art.3_Les individus arrêtés en flagrant délit d’infraction pénale résultant d’une activité communiste ou anarchiste sont traduits directement et sans instruction préalable devant la section spéciale.

Aucun délai n’est imposé entre la citation de l’inculpé devant la section spéciale et la réunion de celle-ci.

A défaut d’un défenseur choisi par l’inculpé et présent à l’audience, le président de la section spéciale désigne immédiatement un défenseur d’office.

Art.4_Hors le cas d’arrestation en flagrant délit, la procédure sera instruite dans un délai de huit jours. Aucune voie de recours ne sera admise contre les ordonnances rendues par le juge d’instruction qui renverra directement l’affaire et le prévenu devant la section spéciale. A l’égard des accusés présents, celui-ci statuera dans le délai de deux jours de la réception du dossier par le président.

Art.7_Les jugements rendus par la section spéciale ne sont susceptibles d’aucun recours ou pourvoi en cassation ;ils sont exécutoires immédiatement.

Art.10_L’action publique devant la juridiction saisie se prescrit par dix ans à dater de la perpétration des faits, même si ceux-ci sont antérieurs à la promulgation de la présente loi.

Toutes juridiction d’instruction ou de jugement sont dessaisies de plein droit à l’égard de ces faits au profit de la section spéciale compétente qui connaîtra en outre des oppositions faites aux jugements de défaut et aux arrêts de contumace.

Art.11_Le présent décret sera publié au Journal officiel et exécuté comme loi de l’État.

Fait à Vichy, le 14 août 1941.

Ph Pétain, Joseph Barthélémy, Amiral Darlan, Pierre Pucheu, Général Huntziger, Général Bergeret

 

Sources

 
 
Journal 1939-1945
Maurice Garçon de l'Académie française
2015 Société d'édition Les Belles Lettres/Librairie Arthème Fayard
ISBN:978-2-213-44536-6
Page 289

" (...) Benon,une canaille dijonnaise que j'ai pu apprécier déjà lorsqu'il était juge d'instruction.C'est un imbécile d'abord et avant tout.C'est ensuite un servile valet du gouvernement.(...). Quand vint la mobilisation de 1939,il était lieutenant-colonel de réserve.Il a sévi dans un conseil de guerre de Paris,se conduisant comme une brute butée.Voilà le président du tribunal extraordinaire.Les assesseurs sont Larricq_il est né à Bedous,a été magistrat à Cognac,Ribérac,Albi;il est à Paris depuis 1928_,l'autre est Baffos,intelligent mais dangereux.On y a ajouté comme assesseur Cottin,une brute qui siège à la 11e."


Dalloz Actualité
Procès de la Section spéciale : le plaidoyer de l’avocat Maurice Garçon


Gallica
Une photographie des magistrats dans le box des accusés
France-Soir 6 juin 1945
Cinq magistrats qui,sur ordre,condamnèrent six patriotes répondent de leur forfaiture.



AD 64 _https://earchives.le64.fr
L'acte de naissance en ligne de Paul Raymond Larricq
Bedous collection communale naissances 1871-1882 Acte N°5 Vue 56/116

 

AD 75
Accueil > Offre pédagogique > Ressources pédagogiques > Paris en guerre, Paris occupé, Paris libéré (1939-1945) 

Le métro parisien, expression de l'occupation allemande, de la collaboration et de la Résistance
Compte-rendu de l'attentat à la station Barbès-Rochechouart
Date : 21 août 1941
Thème : Premier attentat de la Résistance à Paris
Fonds : Cabinet de la préfecture
Cote : PEROTIN/1011/44/1 19 

 

Les actes de décès en ligne des 3 guillotinés  le 28 août 1941,cour de la prison de la Santé,Paris 14e

1941 , Décès , 14 14D 429 
Acte N°4958 André Francis Brechet "Mort pour la France"
Acte N°4959 Émile Jean Marie Bastard "Mort pour la France"
Acte N°4960 Abraham Trzebucki.On notera l'absence de la mention "Mort pour la France" .Il ne figure pas dans les bases nominatives du site internet Mémoire des Hommes du Ministère des armées

L'acte de décès de Jean Charles Larricq  fils de Paul Raymond 10 décembre 1944 Paris 13e
Mort pour la France Ministère des Forces Armées Marine Nationale 24 janvier 1948
Source:AD 75 :1944 , Décès , 13 13D 341 Acte N°4661 Vue 19/31


Le Maitron  _Dictionnaire biographique

https://maitron.fr/spip.php?article17833, notice BRÉCHET André, Francis [Pseudonyme dans la Résistance : COURTOIS André] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 7 mars 2022

https://maitron.fr/spip.php?article150667, notice BASTARD Émile, Jean, Marie par Daniel Grason, version mise en ligne le 29 novembre 2013, dernière modification le 23 novembre 2022.

https://maitron.fr/spip.php?article133243, notice TRZEBRUCKI Abraham [alias PIVOLSKI Adolphe] par Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 12 avril 2022.

 

Musée de la Résistance en ligne
Attentat du métro Barbès

Julie d'Andurain: Le 6,35 de la « comta ». Une arme de femme, symbole de la Résistance 

 

France Archives portail national des archives

 

La répression du communisme par le Gouvernement de Vichy à travers le fonds de la section spéciale de la cour d’appel de Paris 

Violaine Challéat-Fonck et Christophe Bouvier, « La répression du communisme par le Gouvernement de Vichy à travers le fonds de la section spéciale de la cour d’appel de Paris » dans Histoire documentaire du communisme, Jean Vigreux et Romain Ducoulombier [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 3 mars 2017, n° 7, disponible sur : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC.html.
Auteur : Violaine Challéat-Fonck et Christophe Bouvier.
Droits : http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/prodscientifique/TC/credits_contacts.html
ISSN : 1961-9944  



Section spéciale film de Costa Gravas (1975)
Scénaristes:Costa-Gravas,Jorge Semprún

Distribution:
Claude Piéplu ,incarne Michel Benon, le président de la Section spéciale
Hubert Gignoux, Maurice Cottin, le juge en 'noir'
Jacques Ouvrier, Robert Baffos, le conseiller
Alain Nobis, Paul Larricq, le conseiller
Jean Champion,Léon Guyenot avocat général
Source:Sens Critique