23 juin 2021

"Les funérailles émouvantes du général de division Camille Lévi"

Le général Camille Lévi est mort à Bayonne le 25 aout 1933.Le Courrier de Bayonne ,Biarritz et du Pays Basque dans sa livraison du lundi 28 aout 1933 rapporte en première page « Les Funérailles émouvantes du Général de Division Camille Lévi ».

« Je regrette vivement que le stupide accident dont je suis la victime m’empêche d’aller à Bayonne rendre les derniers devoirs à ce bon serviteur du pays. »

Maréchal Franchet d’Esperey

La population de Bayonne a fait, hier matin, d’imposantes obsèques au valeureux soldat et au grand Français que fut le Général de division Camille Lévi.

Dès neuf heures quinze, la foule se pressait à la maison mortuaire ,6,rue Argenterie et exprimait ses sympathies attristées à Mme la Générale Lévi, à ses enfants :M. Albert Lévi et Mme Jacqueline Lévi ;à Mme Paul Reithler, sœur du défunt, à Paul Reithler, à M. le Colonel et Mme Ulmo, à M.et Mme Salmon, à M.et Mme Jacques Ulmo.

A dix heures précises, le cortège se formait et M. le Grand rabbin Ginsburger procédait à la levée du corps.

L’épée et le képi du Général Lévi avaient été déposés sur le cercueil, ainsi que des palmes offertes par l’Union Nationale des Combattants et la Société de la Légion d’Honneur.

Immédiatement derrière le char funèbre s’avançait un sous-officier porteur d’un coussin, sur lequel avaient été épinglées les décorations du glorieux défunt, puis le fanion des « Diables Bleus ».Une importante délégation était conduite par M. le lieutenant -colonel de Chomereau, chef d’Etat-major de la 36e division, MM. les Commandants de Marignan et Fusilier-Lasserre.

Le deuil était conduit par M.Albert Lévi, M.le Colonel Ulmo, M.Paul Reithler, M.Salmon et un groupe d’amis de la famille.

Parmi l’innombrable assistance nous avons noté :

MM.Simonet, Lacouture et Weiller, adjoints au Maire ;

Le Barillier, ancien Sénateur, Maire d’Anglet ;

Docteurs Iribarne et Goyenèche, conseillers généraux ;

Béhotéguy, président du Conseil d’arrondissement ;

Le Roy, vice-président de la Chambre de Commerce ;

Le peintre José G.de la Pena ;

Rincheval, directeur de la Banque de France ;

Parodi, ancien directeur ;

Lamarque , avocat, ancien bâtonnier ;

Rousset, Petit , Pinatel, J.Simonet, avocats au barreau de Bayonne ;

Alfred Camdessus, Rédacteur en chef du « Courrier « ;

Audibert, Pradal, Labourdique, conseillers municipaux ;

MM.Darmaillacq, président du Tribunal de Saint-Palais ;

Docteur Voulgre ;

Albert, directeur des Douanes ;

Salvador, Bonnecarrère ;

Henri Dordezon, président de la Fédération des Victimes de la Guerre ;

Roumier, président des Mutilés de Biarritz ;

G.de Vasserot, président des Croix de Feu ;

Ramond, président de l’Union des Combattants ;

Goalard, pilote-major de la Barre ;

De Croizeuil, président de l’Aéro-Club Basque ;

Colonel Campagne ;

Lieutenants-colonels Allard, Mesqui , Delaplane, Gouron, Duvot, Boitel, de Violé, Dousdebès ;

Commandants Duchen,Irigaray, Royère, Pereyre , Lavigne, Mégnou, Boissel, Feuillet, Molin, Bertier, Rageau, Vadot ;

MM. Maurice Labrouche, St-Vanne,A.Larrieu,Léon Marie,Cazaus ;

Gibert, commissaire central ;

Bloch, Jicot, Joé Naquet ;

Cossid,Tausières, Claverie,Laplace,Baumann,Lambert ;

H.P.Joinaud ;

Cazalis,Anatol ;

Capitaines Morachini,Izenic,Miremont ;

M.Seguin,H.Salzédo,Hargous,Posso,Dané,Soulard ;

Lascabes, président des Anciens de la Rhénanie ;

Seignouret, Léglise, Casedevant, Léon Dupuy, de Roxas, Jourda, Rigal,  Artigou, Sens, Artéon, Gemain, Docteur  Gorostidi , Ricaud, Urtasun , Burguette , Docteur Delbarre,Despons,Appeceix,Milliaud,Puchulu,Gommez-Vaez,Anabitarte,de Fontclair , Chadourne, Baron Portalis, Ninous, Abraham,Taburet Danjou de la Garenne,Mongrand,etc…

 

Au cimetière israélite de St Etienne,M.le Grand rabbin Ginsburger récite les prières mortuaires.

Puis le Général Détrie, M.Saillard, président de la section des « Diables Bleus »,M.Garat, député-maire et M.Ginsburger retracent avec éloquence la magnifique carrière du Général Lévi.

Discours de M.le Général Détrie

 « Je viens d’apporter au Général de Division Camille Lévi, enlevé de façon si foudroyante à notre déférente affection, l’hommage profondément ému et douloureux de l’Armée, et renouveler à Madame Lévi, à ses enfants, à toute sa famille l’expression de nos plus vives condoléances.

L’Armée gardait fidèlement le souvenir de ce Chef, incarnation vivante des plus belles vertus militaires. Elle l’aimait pour tout ce qui émanait de lui, de haut patriotisme, de foi militaire et de droiture. Elle admirait, au même point, son noble caractère, ses services et l’exemple d’énergie et de travail qu’il continuait à donner aux jeunes générations.

Elle était fière de ce fils de l’Alsace, si complètement représentatif de sa petite patrie. Dans l’œil clair et si vif du Général, comme dans sa parole et sa plume, tout disait, en effet, la fierté d’une race habituée à se redresser dans l’infortune et l’épreuve, son indépendance et sa vivacité d’esprit, son élan de franchise nette et directe, sa volonté constante de réalisation.

Dans une nature d’une telle richesse et si pleine de sensibilité, l’arrachement total de nos Provinces qui termina le drame de 1870-1871, ne pouvait manquer d’éveiller une résonance profonde.

Son enfance, puis sa jeunesse en furent ainsi marquées, pour toujours. La douleur détermina chez l’adolescent, une réaction admirable d’amour pour la petite comme pour la Grande Patrie, qu’il ne sépara jamais l’une de l’autre, et, dans ce double sentiment de douleur et d’amour, il se donna à l’Armée. Un rêve, un grand rêve, le même que tous les soldats de ma génération avaient fait, l’animait et l’exaltait : « Ramener, un jour, ses frères alsaciens, reprendre leurs places vides au Foyer Français ».

Travailler inlassablement, studieusement pour que ce rêve devint une réalité, se préparer à la Grande Épreuve que son caractère réaliste voyait venir, voilà ce que l’examen de tous ses titres, de ses travaux et de ses études ne cessent de proclamer. C’est cette noble attitude qui donne à toute sa vie cette unité remarquable par quoi elle se caractérise.

Aussi, quand l’heure H, sonne, elle, allez le trouve prêt moralement et physiquement et, comme il arrive à ceux qui sont sûrs de leur bon droit, et connaissent les vertus de notre race, confiant dans les destinées de la Patrie. Il s'affirme dès le Baptême du feu, avec son magnifique 110e Régiment d'Infanterie. Bientôt, il est à la tête de la 4e Brigade d'Infanterie, qu'il quitte pour commander successivement la 25e Division d'Infanterie, puis la 46e Division de Chasseurs à pied.

Ses superbes citations soulignent remarquablement ses qualités militaires faites d'intelligence, de savoir, de vigueur, et _illisible_ l'ascendant qu'il exerçait sur ses Unités et qui lui permettait de leur demander de splendides efforts.

Il sert sur le front français, puis sur le front italien.

A la fin de la guerre, il est Gouverneur de Dunkerque, cette place qu'il connaissait si bien et à laquelle il a consacré tant de fructueuses et solides méditations.

Puis viennent l'armistice et, en 1921, le passage dans le cadre de réserve. C’'est l'heure de la détente pour beaucoup. Mais pas pour lui, car il était de ceux qui pensent que l'on n’a jamais fini de servir, ni de donner l'exemple.

L’exemple, il devait le donner jusqu'au bout, dans la plénitude de la vigueur intellectuelle et physique. C’est que demeurait en lui, à un haut degré, ce que nous appelons dans l'Armée 3Le Feu Sacré », vertu dans le sens romain, du mot vertu, du Chef qui, seule lui permet de réaliser avec tous les cœurs, toutes les volontés et toutes les intelligences à lui confiés, cette fusion de tous dans Un, si nettement traduite dans ce terme militaire « d’unité ».

Feu sacré, ardente passion de notre métier de serviteur du Pays, qui ne reconnait là la dominante de la haute personnalité du Général Camille Levi, et l’enseignement suprême qu’il nous lègue ?

Recueillions-le-pieusement !

Et vous, Mon Général, après une telle vie, tout entière consacrée au Devoir, et au Travail, dormez en paix ! Ici, dans ce Bayonne qui vous avait adopté comme un de ses meilleurs fils, notre respect et notre affection en deuil continueront la veillée autour de votre nom… »

 

Discours de M.Saillard

M.Saillard vient s'incliner avec respect devant le cercueil de celui qui fut le grand ami des « Diables Bleus » et leur premier président d’honneur.

Il évoque les mérites du Général Levi qui avait les qualités du véritable chef. Il commanda une division de chasseurs toujours à la peine. Il fut pour ses soldats non seulement un chef mais un véritable ami. Aussi sa disparition sera-t-elle durement ressentie.

M.Saillard souligne l’immense générosité du chef et de l'ami qui pleurent les « Diables Bleus ».

Que d'infortunes n’a -t- il pas secourues ? Que de services n'a-t-elle pas rendus ?

Avec le général Levi disparaît un de ceux qui, comme Pétain et Gouraud ont eu l’honneur de commander les chasseurs. Ceux-ci conserveront son souvenir. En ce jour de deuil, ils prennent part à l’affliction des siens.

Discours de M.Garat

Le Maire de Bayonne tient à saluer la dépouille mortelle du chef qui illustra notre armée et notre ville. Il rappelle les immenses services qu'il a rendus au pays et à l'activité, dont il n’a cessé de faire preuve même durant sa retraite. Sa vie est un symbole de la servitude et de la grandeur militaires, dans ce qu'elles ont de plus élevé.

Ses travaux ont fait autorité, surtout ceux qui concernent la défense du nord de la France .M.Garat tient à associer dans le même hommage la mémoire de trois grands soldats, qui ont honoré Bayonne : le Général Derrécagaix, l'Intendant Général Lacrambe et le général Camille Levi. Le Maire ne saurait oublier que le général Camille Lévi avait consenti à faire partie de la commission de la bibliothèque municipale et qu'il s'intéressait à la vie de la cité. Il adresse, enfin les condoléances de la municipalité bayonnaise à la veuve et aux enfants de celui dont la vie est un enseignement pour tous ceux qui remplissent des fonctions publiques.

Discours de M.Ginsburger

M.le Grand-Rabbin Ginsburger tient à s'associer aux légitimes éloges qu'on fait du général Levi, le chef de l'Armée, le Maire de Bayonne et le Président de l'Amicale des « Diables Bleus ».Il rend, à son tour, hommage aux mérites, aux  vertus civiques et militaires, aux qualités de cœur ses soldats appelaient «  papa ».

Il évoque cette vie entièrement consacrée au service de la France.Il parle surtout de la jeunesse de l'Alsacien qui rêva de ramener à la mère patrie les deux provinces qui lui avaient été arrachées.

Il rappelle les liens d'amitié qui unirent le général Bourbaki au Général Camille Lévi. Le glorieux chef de 1870-71 assista au mariage de son cadet, célébré à Bayonne, il y a une quarantaine d'années. Ils vont dormir leur sommeil de gloire tout près l'un de l'autre._1_

Il exalte les vertus de cette race alsacienne dans le Général Lévi était le fils exemplaire.

Après ces  beaux discours a lieu l'inhumation.

La foule recueillie défile une  dernière fois, devant le cercueil du valeureux soldats et exprime à sa famille ses condoléances émues.

« Le Courrier » renouvelle à Mme la générale Lévi et à tous les siens l'assurance de sa douloureuse sympathie.

P.L.

Sources:

Médiathèque de Bayonne,site patrimoine,catalogue,Le Courrier de Bayonne ,Biarritz et du Pays Basque en ligne,lundi 28 aout 1933_Soyez très patient,l'accès à l'année puis au mois, nécessite plusieurs secondes en dépit d'une connexion rapide par fibre .

https://mediatheque.bayonne.fr/bayonne/DAM/Player.csp?damkey=B641026201_J20l_19330828&language=fre 

Pour aller plus loin

_1_Les cimetières Saint-Étienne et juif de Bayonne sont situés de part et d'autre de l'avenue du 14 avril 1814.Le général Bourbaki repose cimetière Saint-Étienne (L.08-N.001)
 

Sur e-ArchivesAD64 ,l'acte de mariage du 7 juin 1892 à Bayonne entre le capitaine Camille Baruch Lévi et Eva Emma Léa Bernal.


Dossier Légion d'Honneur de Lévi Camille Baruch_https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr

Camille Lévi  écrivain militaire_BnF data

 

Une intervention imaginaire auprès du Maréchal Pétain entre 1940-1944

Une histoire inventée circule, selon laquelle le général Camille Lévi serait intervenu auprès du Maréchal Pétain à Vichy à propos du sort des juifs de Bayonne pendant la Seconde Guerre mondiale.   

Jean Crouzet relaie cette fiction:

"Notons à ce propos,que si de nombreuses communautés juives même hispano-portugaises comme celles de Bordeaux ont été raflées et déportées,celle de Bayonne a simplement été évacuée.Si des membres de cette communauté ayant gagné des régions du midi (Carpentras,Marseille etc) ont par la suite été déportés,ceux qui qui sont restés dans le département n'ont subi qu'un minimum de brimades et de contraintes.

On s'est beaucoup interrogé dans la communauté sur cette mansuétude relative dont on ignore l'origine.Sans doute,l'intervention du général Camille Lévi,ami personnel du Maréchal a-t-elle pesée dans la décision.(...)"

Page 57
Les Francs-Maçons Bayonnais sous l'occupation et dans la résistance
2004,Éditions Gascogne,Orthez
ISBN 2-914444-17-6
 

18 juin 2021

Exposition à la médiathèque de Bayonne :Pierre Loti au Pays Basque

Médiathèque de Bayonne

Exposition patrimoniale

Pierre Loti au Pays basque, « une étape sombre et délicieuse »

jusqu'au 25 septembre  2021

Le séjour de Pierre Loti au Pays basque marque une étape charnière dans sa vie et son œuvre. À partir de 1891, l’écrivain y connaît les plus intenses plaisirs et les plus cruelles déceptions, jusqu’à sa mort, le 10 juin 1923, à Hendaye.

Téléchargez le livret de l'exposition.

Le Clin d’œil du Patrimoine expose également des éditions remarquables de Ramuntcho de Pierre Loti.

Horaires de la médiathèque centre ville  

Lundi 10X12h _15X18h

Mardi 10X12h _15X18h

Mercredi  10X12h30 _14X17h

Jeudi matin fermeture _15X18h

Vendredi 10X12h _15X18h

Samedi   10X12h30 _14X17h


Pour aller plus loin 

Dossier en ligne Légion d'Honneur de Viaud Louis marie Julien dit Pierre Loti

Facebook  Les Amis de Pierre Loti à Hendaye


16 juin 2021

Remplacement de jeunes soldats par des militaires libérables

État nominatif des Militaires libérables pendant l'année 1842,renvoyés dans le département des Basses-Pyrénées,et qui ont manifesté l'intention de remplacer des jeunes soldats de la classe de 1841


MONDAUT (Jean) 38 e Régiment de ligne _Fusilier_se retire à Bosdarros

BENEGIU (Pierre) 9 e Régiment de chasseurs_Chasseur_se retire à Orion

LAUGAR (Martin) 13 e Régiment d'artillerie _1 er canonnier servant_se retire à Guiche

BELLOCQ (Rameau-Joseph)13 e Régiment d'artillerie _Maréchal-des-Logis_se retire à Oloron

PORTE (Bernard)  13 e Régiment d'artillerie _Brigadier_se retire à Asson

ITHURBIDE (Philippe) 13 e Régiment d'artillerie_Maréchal-des-Logis_se retire à Larceveau

PEYRE (Martin)1 er Régiment du génie _Maitre ouvrier _se retire à Bayonne

GAYNECOTCHE (Michel) 36 e Régiment de ligne _Fusilier_St-Jean-le-Vieux

EYHERABIDE (Pierre) 14 e Régiment d'artillerie _1 er canonnier servant_se retire à Bayonne

LAROCHE (Jean) 10 e Régiment léger_sapeur_se retire à Nay


Certifié par nous Maitre des requêtes au conseil d'état,
Préfet des Basses-Pyrénées

Jules Azevédo


Source:
Année 1842
Recueil des actes administratifs du département des Basses-Pyrénées

N°11
Collection particulière

12 juin 2021

Nouvelle Carte topographique de la France

 Pau,le 11 avril 1842.

Nouvelle Carte topographique de la France

L’orthographe de l’époque  a été respectée

Monsieur le Maire,

Son Excellence le Ministre Secrétaire-d'État de la guerre me fait connaître par sa lettre du 5 du courant que Sa Majesté a ordonné l'exécution d'une nouvelle Carte topographique de la France, appropriée à tous les services publics et combinée avec l'opération du cadastre.

Des officiers du corps Royal d'état-major sont chargés de cette opération, qui s'étendra à toutes les communes du territoire français. Partout ils auront à faire des observations dans les tours, clochers, ou autres édifices, et, en outre, des travaux de détails sur tous les points.

Le Ministre m’ayant recommandé de leur donner secours et assistance, et surtout de leur faciliter le placement, et d'assurer la conservation des signaux qu'ils auraient jugé nécessaire d'établir, j'ai , pour remplir les intentions de son Excellence, prendre l'arrêté transcrit à la suite de la présente. Ses dispositions vous indiqueront ce que vous avez à faire pour faciliter la mission des Officiers chargés du lever de la nouvelle Carte topographique de la France.

Recevez,Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération.

Le conseiller de Préfecture, Préfet par intérim

POMARÈDE

 

Nous Préfet des Basses-Pyrénées

Vu la lettre de son Excellence le Ministre Secrétaire-d'État de la guerre, annonçant que des Officiers du corps Royal d'état-major sont chargés du levé de la Carte topographique de la France, et qu'il est dans l'intention du Gouvernement qu’il leur soit donné, par les autorités locales, toutes les Facilités et toute la protection possible :

ARRÊTONS :

Article Premier

Les Maires permettront aux Officiers du corps royal d'état-major, munis d'un ordre du Ministre de la guerre pour le levé de la Carte topographique de la France, la libre entrée dans les clochers, tours, bâtimens et propriétés publiques, dont ils requerront l'ouverture pour leurs opérations.

A l'égard des propriétés particulières ,les Maires inviteront et requerront, au besoin, les possesseurs d'en laisser également la libre entrée à MM. les Officiers chargés de cette opération.

Art.2

Ces Officiers pourront faire, dans les lieux ci-dessus mentionnés, pour l’érection des signaux, telles dispositions qu’ils  jugeront convenables en maçonnerie, charpente, etc, pourvu qu'elles ne compromettent point la solidité des édifices, et à la charge par eux de faire rétablir et réparer ensuite les parties qui seraient endommagées, après que leurs opérations seront terminées.

Art.3.

Les signaux et autres objets de remarque élevés par les soins des Officiers chargés du levé de la Carte topographique de la France, sont placés sous la surveillance des Maires, et sous la responsabilité des communes dans l'arrondissement desquelles ils se trouvent ; ils devront y être maintenus aussi long-temps qu'il n'y aura point d'ordre de les détruire.Les signaux qui seraient enlevés avant cette époque seront reconstruits à la charge des communes, à moins qu'il ne soit reconnu qu'ils ont été renversés par accident.

Art.4.

Les Maires procureront à MM. les Officiers, sur leur réquisition, des guides et indicateurs instruits, connaissant bien les environs et les limites de la commune, et capables de les indiquer avec exactitude. Ils leur feront également fournir des chevaux et moyens de transport dont ils auront besoin . Les hommes et les chevaux ainsi fournis seront payés par MM. les officiers, de gré à gré, ou au prix qui sera déterminé par l'autorité locale.

Art.5.

À défaut de logement dans les auberges, ou de logement convenable, MM. les Maires indiqueront les maisons particulières où il y en aurait de disponible, et MM. les Officiers pourront s'y établir, en traitant de gré à gré avec le propriétaire.

Les Maires régleront aussi au besoin les mémoires des aubergistes, dans le cas où les Officiers auraient à se plaindre d'une exagération évidente. Si quelques soldats étaient employés près des Officiers, ils jouiraient du logement militaire.

Art.6.

Tous les renseignements statistiques qui seront demandés sur les communes par MM. les Officiers chargés du levé de la Carte topographique de la France, seront fournis par MM.les Maires, et certifiés par eux.

Art.7.

Le présent Arrêté sur imprimé, et des expéditions en seront délivrées à chacun des Officiers employés au levé de la Carte topographique de la France, pour lui servir près les autorités des lieux dans lesquels il aura à opérer.

Pau,le 11 avril 1842.

Le conseiller de Préfecture, Préfet par intérim

POMARÈDE

Source:

Année 1842
Recueil des actes administratifs du département des Basses-Pyrénées

N°8


Bureau des Travaux Secours et établissemens publics.
11 avril.
Collection particulière

10 juin 2021

Photo parisienne Saint-Palais

 Photographie de mariage 

non datée

 

Photo Parisienne - Rue Thiers - Saint-Palais -Collection Particulière


Au verso,coin gauche BRISET.

05 juin 2021

Une curieuse indication au crayon papier dans le registre des naissances 1911 de Bayonne

Deux chercheurs,Alain Idiart et Jean-Pierre Ibarboure, ont relevé dans un registre des naissances consultable au Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64), une curieuse indication. L’acte de naissance proprement dit est parfaitement banal. 

« L’an mil neuf cent dix et le onze avril ,à neuf heures du matin,

Par devant nous, Alfred Lacombe, adjoint délégué ,Officier de l’Etat Civil de la ville de Bayonne, département des Basses-Pyrénées, est comparu Victor Daguerre, âgé de quarante-huit ans, menuisier, domicilié dans cette ville, quartier Mousserole, maison Burguburu,

Lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né le neuf de ce mois, à une heure du soir, dans son dit domicile, de lui déclarant et de Jeanne Carrica, âgée de de trente-huit ans, ménagère, son épouse,

Et auquel il a déclaré donner le prénom de Léon

Etc. »

En dessous du numéro de l’acte de naissance de Léon Daguerre _N°149_ , cette indication au crayon papier, non datée, non signée « Serait décédé à Paris le 14 janvier 1939  (suicide par revolver après avoir tué agent). ».

Il ne s'agit pas d'une mention marginale officielle ,mais plutôt d'une annotation .Pour quel usage?

 

Les actes de décès de Paris sont accessibles gratuitement en ligne jusqu’en 1986. L’acte de décès de Léon Daguerre a été établi par la mairie du 14 e arrondissement. 

« Le dix janvier mil neuf cent trente-neuf, deux heures , est décédé rue de Vanves,140,en son domicile, Léon DAGUERRE, né à Bayonne (Basses-Pyrénées),le neuf avril mil neuf cent dix, sans profession, fils de Victor DAGUERRE, décédé, et de Jeanne CAVICA, sa veuve, sans profession , sans renseignements connus du déclarant -Célibataire-dressé le 13 janvier courant, dix heures vingt , sur la déclaration de Martin Roger, trente-six ans, gardien de la Paix, 2 Place de Montrouge, qui lecture faite etc."

En principe, les causes du décès, n’ont pas à être précisées dans les actes d’état civil.Pour en savoir un peu plus sur les circonstances de la mort de Léon Daguerre nous nous sommes tournés vers RetroNews le site internet de presse de la Bibliothèque Nationale de France.

Excelsior 

mercredi 11 janvier 1939, page 3

Assiégé par la brigade des gaz, un forcené blesse grièvement un agent et se fait justice.

Un forcené _ ou peut être un fou _a nécessité, l'autre nuit l'intervention de la brigade des gaz du quai des Orfèvres dans l'hôtel ou il s'était barricadé, après avoir grièvement blessé à coups de revolver un des agents lancés à ses trousses. Et peu s'en fallut qu'un « Fort Chabrol » sanglant ne s’ensuivit….

Le héros des péripéties de cette tragique aventure, péripéties auxquelles il ne devait pas survivre, est un ancien peintre en bâtiment Léon Jacques Daguerre, né le 9 avril 1907 à Bayonne.

Daguerre fréquenta immédiatement les bars mal famés de l'endroit, jouant les mauvais garçons avec une jeune femme divorcée, Mauricia Hippeau , née Soudet,ex-ouvrière  typographe, originaire de Poitiers. Quand l'argent manquait, des querelles suivies de coups éclataient. La malheureuse lasse d'être maltraitée et redoutant le pire, disparu un beau soir.

Au cours de la nuit de lundi à mardi il se présenta à l'hôtel Maintenon ,3 rue Maison-Dieu vers 3h30. Il réveille le gérant du garni, M.Vigeas, en faisant irruption dans le bureau de l'hôtel.

_Je veux voir Mauricia, cria-t-il. Et tout de suite ! Je sais qu'elle est ici ou je suis déjà venu avec elle…

Tout en vitupérant, l’énergumène sortait un revolver de sa poche et tirait au petit bonheur. Une glace du bureau vola en éclats. Daguerre soudain calmé par le bruit, rempocha son arme et s'enfuit. C'est ce qu'attendait M.Vigeas pour alerter deux agents cyclistes de passage qui effectuèrent aussitôt une ronde dans le quartier, mais en vain.

Or, à peine les deux agents venaient-ils de rentrer au poste de police de la rue Boyer-Barret pour consigner l'incident sur le registre du poste, qu'un coup de téléphone émanant de la gérante de l'hôtel de Nantes, 140, rue de Vanves, leur signalait la présence dévastatrice, dans son garni, du même énergumène.

Sous la menace d'un revolver, expliqua-t-elle d'une voix haletante, un individu qui semble être fou, est venu réclamer ici une de nos clientes habituelles, Mauricia Hippeau et il a obligé mon mari à le conduire dans la chambre où cette jeune fille loge habituellement. Venez vite !

« Je ne sortirai pas vivant »

Plusieurs agents bondirent dans le car de Police-Secours et, quelques minutes plus tard, ils arrivaient devant la chambre de ce dernier hôtel où le forcené s'était fait conduire et dont il avait défoncé les panneaux de la porte d'un coup d'épaule.

_Rends toi ! ordonna l’un deux.

_Vous ne m'aurez pas ! répliqua Daguerre, tapi dans l'ombre de la pièce. Et, coup sur coup, il tira plusieurs fois en direction des agents. Le gardien Henry Leroy du 14e arrondissement s’écroula, touché en plein ventre. Deux de ses collègues l'emportèrent tandis que les autres agents ripostaient en tirant à leur tour du couloir. Mais le forcené avait pu refermer la porte au panneau brisé.

_Je ne sortirai pas d'ici vivant ! cria-t-il

La fusillade

Et il tira une nouvelle fois. La fusillade menaçait de faire de nouvelles victimes du côté des agents et M.Farinet, commissaire de police par intérim du 14e arrondissement, décida de réquisitionner la brigade des gaz. Celle-ci fut bientôt sur les lieux, représentée par les inspecteurs Brigaudet et Gignoux, bardés de cuirasses ; par un spécialiste de ces opérations, l’inspecteur principal Maillebuau ,et enfin par le commissaire Badin.

Quand on se fut assuré que Daguerre s'était barricadé dans la chambre, derrière les meubles entassés, et refusait de répondre aux sommations des policiers ,deux cartouches de gaz lacrymogène furent lancées.

Au bout d'un moment, et comme nul bruit ne se faisait entendre, les inspecteurs déblayèrent l’entrée de la pièce.

On découvrit, recroquevillé près de la fenêtre, le corps sans vie du forcené, la tempe droite trouée d'une balle qu'il s'était tirée à bout portant. L’arme_un revolver automatique de 6 mm35 _gisait à portée de sa main. Le suicide ne pouvait faire de doute.

Léon Daguerre, le forcené  devenu fou, s'étant tué volontairement, l’enquête était close avant la lettre. Reste malheureusement sa victime, l’agent Leroy, qui, l’intestin grêle perforé en trois endroits a dû subir l'opération de la laparatomie. Son état,quoi très grave, n'est pas jugé comme désespéré.

Hier, à midi, M.Langeron, préfet de police, s'est rendu à la maison des gardiens de la paix où il a été transporté, pour lui remettre la médaille d'or des actes de courage de dévouement.

 

 Compléments du blog Retours vers les Basses-Pyrénées

Le portrait de Léon Daguerre,en une de PARIS-SOIR du mercredi 11 janvier 1939

L'agent de police Henry Leroy décèdera rapidement des suites de ses blessures.

 

Sur le internet http://archives.paris.fr,

L'acte de mariage en ligne ,de Raymond André Hippeau et de Jeanne Mauricia Yvonne Soudé,

23 février 1929,Paris 6e_1929 , Mariages , 06 6M 268_Acte N°155.

L'acte de mariage ne comporte pas de mention d'un jugement de divorce.

Sources

Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64),Registre des naissances de Bayonne Année 1911_4e 102/164 

Filae -Accès payant-
RetroNews,Accès payant
http://archives.paris.fr

Remerciements 

A Alain Idiart et Jean-Pierre Ibarboure qui ont  partagé leur trouvaille.