Marcel
Bidegaray ,ancien secrétaire général de la Fédération des Cheminots, membre
du comité central de la Ligue des Droits de l’Homme entre les deux guerres , socialiste,
et enfin, secrétaire du Comité Ouvrier de Secours Immédiat de Bayonne pendant
l’occupation, a été assassiné quatre mois après La Libération. Plusieurs sites internet affirment
faussement qu’il serait mort dans un camp d’internement à Bidache (64) ;
·
Mort interné par les Alliés, fin 1944 (Wikipedia-COSI)
·
Mort mystérieuse au camp d’internement de
Bidache (Kervreizh.eu)
·
Exécuté par la résistance communiste au camp
d’internement de Bidache (blog Roger C)
Les
éléments cités ci-dessous découlent essentiellement de documents librement communicables à tout
lecteur qui en fait la demande, en salle des Archives départementales des
Pyrénées-Atlantiques à Pau et Bayonne.
AD
64 Pau 72 W art 123
AD
64 Pau 72 W art 139
AD
64 Pau 87 W art 10
AD
64 Bayonne 1027 W art 293
AD
64 Bayonne 1001 W art 306
AD
64 Bayonne 1378 W Art 160
|
Enveloppe du 16-12-1944
|
Repères
chronologiques
Avril 1944, Après le bombardement de Biarritz du 27 mars,
premiers secours en argent distribués par le Comité Ouvrier de Secours Immédiat de
Bayonne dont Bidegaray est le secrétaire.
22 aout, les Allemands se retirent de Bayonne
8-9 septembre ,arrestation de Bidegaray en application d’un
arrêté d’internement administratif
10 septembre , écroué à Château-Neuf de Bayonne sous le
numéro 405
19 septembre , Transfert de Château-Neuf au camp du Polo
Beyris de Bayonne (Convoi N°5- baraque N°44)
21 septembre
interrogatoire de Bidegaray
22 septembre , rejet à l’unanimité par le Comité Local et Comité Départemental
de Libération de sa demande de mise en liberté provisoire
24 octobre , La Commission de Vérification des Internement décide
une peine de 2 ans d’internement. Date théorique de libération 9 9 1946.
11 novembre , transfert du camp du Polo Beyris vers celui de
Gurs
10 décembre , certificat de libération du camp de Gurs pour
une assignation à résidence à Bidache
13 décembre Bidegaray pensionnaire à l’hôtel restaurant
Basque à Bidache,
20 décembre 1944, assassinat de Bidegaray,
Jeudi 21 décembre 1944, faute de places libres à l’intérieur
de l’autocar reliant Bidache à Bayonne ,deux passagers se sont installés sur le
toit du véhicule. A un peu plus de 3 kilomètres de Bidache en direction de
Bardos, un voyageur perché, aperçoit le cadavre d’un homme dans un fossé longeant
la Route Nationale 636. Alertés, les gendarmes de Bidache reconnaissent aisément
le corps de Marcel Bidegaray. En effet, l’homme abattu, était sous le coup
d’une assignation à résidence à Bidache , et avait l’obligation de signer deux
fois par jour à la gendarmerie.
Les auteurs présumés du meurtre sont deux hommes, âgés de 30
à 40 ans circulant dans une voiture 402 Peugeot, à gazogène. Sur les lieux du
crime, a été trouvée une poignée de portière de voiture Peugeot
|
État civil de Bayonne-Registre des décès 1945-N°57 Marcel Bidegaray Transcription
|
Extrait de la
déposition de la patronne de l’hôtel restaurant
21 décembre 1944
"M.Bidegaray était pensionnaire dans mon hôtel restaurant
Basque depuis huit jours. C'était un homme très calme et rien dans son
comportement ne laissait supposer le drame qui s'est passé hier soir 20
décembre. Comme d'habitude à 6h il a été à la gendarmerie signer, car il était
astreint à donner sa signature 2 fois par jour, puis il est entré à l’hôtel et
m'a aidé à égrener du maïs jusqu'à 6h30.Ensuite il a lavé et essuyé les verres
dans la grande salle. Pendant ce temps j'étais dans la cuisine et je ne me suis
plus occupé de lui (…)"
Extrait du rapport de
l’inspecteur de police Judiciaire Fxxx J
15 janvier 1945
Astreint à résidence surveillée dans la commune de
Bidache ,M.Bidegaray devait venir émarger deux fois par jour à la gendarmerie locale.
L’examen de sa dernière signature, c’est-à-dire de celle faite dans
l’après-midi ayant précédé le soir de sa disparition parait indiquer que le
signataire se trouvait sinon sous le coup d’une émotion, du moins dans un état
de très grande nervosité. Cette signature, d’une écriture tremblée, est
nettement différente des trois précédentes…
Ce fait qui n'a d'ailleurs pas pu être exploité pour la
marche de l’enquête, paraît néanmoins ouvrir la porte à des hypothèses assez
plausibles : par exemple que monsieur Bidegaray « attendait quelque chose »…
Le surnommé semble être parti de l'hôtel (…) d'abord de Bidache
ensuite, sans qu'il lui soit fait violence : il attendait donc sans doute
les personnes avec lesquelles il est parti…
Il est
néanmoins vraisemblable que la victime ne s'attendait pas à aller bien loin :
elle était sortie de l'auberge en pantoufles et sans pardessus ; les
personnes avec lesquelles il est parti l’emmenaient donc, probablement pour
avoir un entretien discret, en un lieu soi-disant proche …
Quelques vraisemblable que soient de telles hypothèses,
parce que basées sur des faits, elles n'ont pas permis à l’enquête entreprise
de faire davantage de progrès. »
Le pourquoi de ce crime, non élucidé à ce jour , est à
rechercher
dans le passé militant de Bidegaray.
Première hypothèse : Aspect financier
L’argent du Comité Ouvrier de
Secours Immédiat de Bayonne ou
l’idée que pouvait s’en faire des militants amis ou adversaires.Ainsi,des militants du Parti Populaire Français de Bayonne, réfugiés
en Espagne, avaient des besoins en argent…Sur ce sujet,voir le billet du blog du 10 novembre 2020:Précisions sur
Bayonne sous Vichy et l’occupation : le détour par Agen _Contenu N°5
En fuite , l’ancien chef du P.P.F de Bayonne, demande une aide financière au consul d’Allemagne à San-Sébastien
Deuxième
hypothèse : châtiment d’un traitre
En cette fin 1944,le châtiment des traitres revient à
plusieurs reprises dans la presse communiste. Ce thème a été probablement
abordé par Jacques Duclos dans un meeting qu’il a tenu à Bayonne le 8 décembre
1944.
En l’état des recherches, nulle trace d’une désignation
publique de Bidegaray à la vindicte des militants. Par contre, le souvenir de
Pierre Sémard ancien secrétaire général de la Fédération des cheminots (CGT) fusillé
le 7 mars 1942 à la prison d’Evreux est évoqué. Sous le titre « On épure
chez les cheminots » un article de la Vie Ouvrière (CGT) du 14 12 1944 est
révélateur d’un état d’esprit
« Mais une autre question se pose pour Badinot et
ses dignes amis. Quelle part ont-ils pris, par leur attitude à l’arrestation de
Pierre Sémard, c’est-à-dire à sa condamnation, à son emprisonnement, donc à son
assassinat ?
En attendant une réponse à cette question c'est un fait
qu'ils prirent possession des postes précédemment occupés par nos militants dès
que ceux-ci furent soit arrêtés, soit contraints de passer dans l'illégalité
pour y continuer leur travail.
De combien d'arrestations, de combien de déportations ,de
combien de tortures et de combien d'assassinats outre celle de notre cher Semard, Badinot et ses amis se sont-ils rendus coupables en
raison de leur attitude depuis septembre 1939.
La parole est à la justice. »
Articles du blog consacrés à Marcel Bidegaray
27 novembre 2021 Éclairages sur une organisation collaborationniste bayonnaise méconnue : le Comité Ouvrier de Secours Immédiat 1942-1944
Droit d’auteur et plagiat
Pour toute observation,demande,merci de contacter par courriel :
philippe.[point] durut [arobase] gmail.[point].com
Une réponse vous sera retournée rapidement
CC BY-NC-SA 4.0 Deed
Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International
Les contenus du blog https://www.retours-vers-les-basses-pyrenees.fr/ sont mis à disposition selon les termes de la
Licence Creative Commons :
Attribution :Vous devez citer au minimum
l’adresse électronique du blog https://www.retours-vers-les-basses-pyrenees.fr/
Pas d’Utilisation Commerciale Vous n'êtes pas autorisé à
faire un usage commercial de tout ou partie du contenu_en dehors des transcriptions
d’archives publiques*_ sur un support payant : journal, magazine, livre.
Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International
Photographies
Les
photographies sont publiées sous la mention DROITS RESERVÉS
Source : France Archives
portail national des archives